"C-R-I-S-E-N-T-E-M-E". Pas facile, certes, d’écrire le mot "CHRYSANTHÈME", peu utilisé par ailleurs dans le langage courant aujourd’hui. Mais il n’empêche que les difficultés d’Alia, qui va rentrer au collège dans moins de trois mois maintenant, illustrent un constat généralisé aujourd’hui : en moyenne, les jeunes élèves français voient leur niveau d’orthographe baisser depuis des années. Et pourtant, ses cours de français sont travaillés six heures par semaine : vocabulaire, grammaire, conjugaison, mais aussi "des mots pour la dictée, des mots invariables", ajoute Alia au micro de Sud Radio.
Ce mardi, l’organisme du Projet Voltaire, qui mesure le niveau d’orthographe des Français, a révélé son rapport annuel, et celui-ci est particulièrement instructif. Les aînés meilleurs que les plus jeunes, les grands lecteurs meilleurs que ceux qui ne lisent pas, les amateurs de télévision en difficulté… Cette année, le baromètre s’est également penché sur le cas des femmes, plus performantes que les hommes. "On travaille sur 84 règles de l’orthographe et de la grammaire. Sur ces 84 règles, les femmes en maîtrisent 50,3% et les hommes 46,4%. Deux raisons peuvent expliquer ça. La première, c’est que les femmes lisent plus que les hommes. Plus on est exposé à la lecture, plus le niveau de maîtrise de l’orthographe est élevé. La deuxième raison, c’est qu’il y a une pression forte dès la petite enfance sur les petits garçons en mathématiques. Une pression qui est moins forte chez les filles, ce qui pourrait aussi expliquer pourquoi les femmes ont un niveau d’orthographe bien supérieur à celui des hommes", explique Pascal Hostachy, le responsable du Projet Voltaire.
À l’école Pierre Larousse, dans le 14ème arrondissement de Paris, certains parents essayent en tous cas d’aider leurs enfants à mieux maîtriser les règles. "On lui épelle les mots, il lit, ça se fait au quotidien...", raconte Alexandra, mère de Balthazar. Mais tous ne peuvent pas combler des lacunes également imputables à l’Éducation nationale, selon le directeur de l’école Dominique Leclerc, par ailleurs membre du Syndicat national unifié des instituteurs (SNUDI -FO). "Les élèves perdent un temps important d’étude de la langue française. On en fait de moins en moins, ils sont de plus en plus fatigués, moins attentifs, et la lecture, l’orthographe et les mathématiques en pâtissent", déplore-t-il.
Un reportage de Cyprien Pézeril