Reportage Sud Radio de Stéphane Burgatt
Sur le portail de la petite école en préfabriqués, le nom du maréchal Bugeaud apparaît toujours mais plus pour très longtemps. Une première victoire pour Yamina, qui habite le quartier.
"C'est déjà un premier pas, et on espère surtout que ça ne sera pas une fin. Evidemment, ça me posait question. Vu ce que ce personnage a pu faire, il n'est pas logique que des enfants puissent dire: je vais à l'école Bugeaud !"
Le nouveau nom sera Ahmed Litim, tirailleur algérien tué lors de la libération de la ville.
Enfumer des tribus entières, "comme des renards"
Et dans ce quartier où d'autres noms de rues posent question, Valérie du collectif culture des États généraux de Marseille, mène une campagne d'affichage pour expliquer qui étaient Thomas Robert Bugeaud ou encore Eugène Cavaignas. "L'explication de qui c'est. Ce criminel de guerre a t-il sa place sur une plaque de rue? Ils se sont particulièrement illustré par les atrocités commises pendant la conquête de l'Algérie, notamment la pratique des 'enfumades'. Cela consistait à faire se replier des tribus entières dans des grottes. Bugeaud disait: 'les enfumer comme des renards''. Mais les remplacer par quels noms ? Les propositions sont recueillis dans une boite à idée déposée sur le comptoir du café de Dédé:
"Marie Curie, Victor Hugo... Des personnes qui ont marqué la France ou l'humanité... Mais des gens qui ont été des criminels de guerre, non... C'est pas bon !"
Le nom de la militante féministe Gisèle Halimi revient beaucoup dans les propositions.
"Donner des noms de rues, c'est rendre hommage. À criminels qui, à l'époque, ont été critiqués par le Ministère de la guerre" - Valérie, collectif culture