C’est une mesure qui n’a pas fini de faire parler. En demandant aux autorités d’organiser le recensement des migrants présents en centre d’hébergement d’urgence, le gouvernement s’est attiré les foudres de nombreuses associations, dont SOS Racisme, qui a décidé de saisir le Défenseur des droits Jacques Toubon. Son président Dominique Sopo était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mercredi pour réagir à cette circulaire controversée.
Polémique sur le recensement des #migrants ➽ "Ceux qui ont une baguette magique pour trouver la bonne solution, qu'ils nous la donnent !", lance @barbarapompili ➔ https://t.co/xBDdzXWyl1 pic.twitter.com/JL22rMdX5c
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"Ce qui est choquant, c’est qu’on est face à une mesure prise soi-disant pour faire face à un dispositif saturé. Manifestement, dans l’esprit du ministère, cette saturation du dispositif doit l’amener à recenser les migrants, ce qui pose deux problèmes. Premièrement, c’est une mise à mal de l’anonymat de l’hébergement d’urgence. Nous sommes face à des personnes en détresse, et pour ceux qui savent ce qu’est l’hébergement d’urgence, le moins qu’on puisse dire c’est qu’on n’y va pas par plaisir ! Deuxièmement, on détourne un objectif en disant que pour réguler ce système, il faudrait sortir les migrants de ce dispositif pour les orienter ailleurs. Mais c’est une plaisanterie ! Ça veut dire quoi, les orienter ailleurs ? Vers les centres de demandeurs d’asile, eux-mêmes saturés ? On nous parle aussi des personnes qui auraient obligation à quitter le territoire français. On veut donc les mettre directement dans l’avion ? Il me semble qu’il y a là un détournement des intentions pas tout à fait honnêtement affichées, et qui visent à remplir un objectif de renvoi plus important de personnes en situation irrégulière", assure-t-il.
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"Ce n’est pas avec un flicage généralisé qu’on va lutter contre les attentats"
Rappelant que l’accueil inconditionnel en hébergement d’urgence est garanti par "le Code de l’action sociale et des familles, et ce n’est pas le fruit du hasard", Dominique Sopo réfute par ailleurs tout amalgame entre l’arrivée de migrants dans ces centres et les attentats de ces dernières années. "Les personnes qui viennent pour commettre des attentats ne passent pas a priori par des centres d’hébergement d’urgence ! Ils sont dans d’autres réseaux, donc arrêtons de faire croire que c’est par une sorte de flicage généralisé qu’on va lutter contre les attentats. Par ailleurs, je ferais remarquer que l’essentiel des attentats commis en Europe l’ont été par des citoyens européens. Il y a aussi des attentats, notamment au Louvre, commis par des touristes. Qu’est-ce qu’on en conclut, en termes de dispositif ?", s’interroge-t-il.
"Nous demandons que cette circulaire soit supprimée et qu’il n’y ait pas cette logique de recensement. Puisqu’il y a effectivement tension sur l’hébergement d’urgence, que l’on ouvre donc de nouvelles places et qu’on ne joue pas de la concurrence entre les personnes en détresse en fonction de leur catégorisation administrative", conclut-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Dominique Sopo dans le Grand Matin Sud Radio