Le maire de Béziers Robert Ménard a refusé mardi le "plaider coupable" proposé par le procureur de Montpellier pour avoir refusé de célébrer le mariage entre une Française et un Algérien, en situation irrégulière et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Le maire de cette ville de l'Hérault, proche de l'extrême droite, était convoqué dans le cadre d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), pour être informé de la sanction proposée par le parquet. Il risquait en théorie jusqu'à cinq ans de prison, une amende de 75.000 euros et une peine d'inéligibilité.
"Je sors du bureau du procureur et j'ai refusé de plaider coupable. Il me semblait impossible, ubuesque, sans aucun sens aujourd'hui, de dire +je suis coupable+, je ne suis coupable de rien. Je ne suis responsable de rien dans cette histoire là. Rien. Ce n'est pas moi qui décide de mettre une OQTF sur ce garçon", a déclaré M. Ménard aux journalistes sur place.
Il sera en conséquence convoqué à une date ultérieure devant le tribunal correctionnel.
M. Ménard s'est refusé à indiquer quelle peine lui avait été proposée, soulignant qu'il n'en avait légalement pas le droit.
Me Vanessa Edberg, l'avocate du couple qu'il avait refusé de marier en juillet 2023, présente pour la CRPC, s'est également refusée à indiquer quelle peine le parquet avait proposée.
Une trentaine d'élus, dont des maires de la région, ceints de leurs écharpes tricolores, étaient venus au tribunal manifester leur soutien à M. Ménard.
Les ministres de l'Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Gérald Darmanin se sont tous les deux prononcés récemment en faveur d'un changement de la loi afin d'interdire le mariage quand l'un des époux est en situation irrégulière, disant comprendre la position du maire de Béziers.
Le Sénat doit d'ailleurs examiner jeudi une proposition de loi du centriste Stéphane Demilly visant à "interdire un mariage en France lorsque l'un des futurs époux réside de façon irrégulière sur le territoire".
"Il me semble surréaliste, invraisemblable de plaider coupable au nom d'une loi que les sénateurs vont étudier, c'est-à-dire contredire dès jeudi en disant qu'aucun maire ne devrait être poursuivi pour avoir refusé de marier quelqu'un en situation illégale. Un mardi, je serai condamné pour une loi qui pourrait changer le jeudi", a commenté M. Ménard.
Mais selon Me Edberg, le nouveau texte, s'il était adopté par le parlement, "ne sera pas applicable" au maire de Béziers car "monsieur Ménard a violé la loi (et) a fait obstruction à l'autorité du procureur de la République et de ses instructions formelles de célébrer le mariage" après avoir été saisi sur des suspicions de mariage blanc.
"Je ne me prononce pas sur l'histoire d'amour ou pas d'amour (...) ce n'est pas mon affaire", a de son côté dit M. Ménard.
Me Edberg a également démenti les affirmations de M. Ménard selon qui son client aurait été "condamné à six mois de prison avec sursis", assurant que "son casier judiciaire est vierge".
Le jeune homme, "défavorablement connu des services de police" selon la préfecture, avait été expulsé vers l'Algérie deux semaines après le refus de mariage.
AFP / Montpellier (AFP) / © 2025 AFP