La séparation des pouvoirs est prévue dans la Constitution écrite en 1958 par le général de Gaulle. Mais étant donné "qu'il ne reste plus que 30 articles aujourd'hui sur les 90 initiaux", le risque de voir cette frontière s'amenuir grandit.
Une "complaisance" avec l'entourage de Macron
Séparer le pouvoir législatif de l'exécutif et du judiciaire, c'est le fondement de la République française. Au niveau de la justice, la séparation "est extrêmement importante", ce corps étant divisé avec l'exécutif qui a l'autorité de poursuites, via le parquet. Reste ensuite au juge du siège de jouer "son rôle d'arbitre pour les conflits en toute impartialité", explique Régis de Castelnau.
Mais depuis une trentaine d'années, l'avocat déplore "une politisation du corps des magistrats". "C'est devenu une autorité politique qui s'est spontanément mise au service d'Emmanuel Macron", souligne Régis de Castelnau en évoquant l'arrivée au pouvoir de l'outsider, après la disqualification de son principal concurrent, François Fillon, par une procédure judiciaire "sur mesure". "Elle avait des objectifs politiques", assure l'essayiste qui note une "complaisance" avec l'entourage de Macron, dont Benalla, Richard Ferrand ou François Bayrou "n'ont pas à se plaindre".
"L'information judiciaire met le ministre en difficulté"
Les relations se sont tendues depuis cet été et l'arrivée de l'avocat très médiatique et très détesté des magistrats, Éric Dupont-Moretti au poste de Garde des Sceaux. "Depuis, c'est un bras de fer, les magistrats veulent le mettre dehors", rapporte Régis de Castelnau. Une situation "extraordinaire du point de vue de la séparation des pouvoirs", note-t-il. D'autant que le ministre de la Justice est depuis la semaine dernière attaqué par des accusations de conflits d'intérêts, au point d'ouvrir une information judiciaire.
"Il faut revenir au droit", décrypte l'avocat qui rappelle que le conflit d'intérêts n'est pas une infraction en soit, contrairement à la prise illégale d'intérêts. "C'est lorsqu'un agent public prend des décisions publiques en même temps qu'il a des intérêts privés", souligne Régis de Castelnau. Mais cette plainte pose problème, selon l'essayiste, d'une part parce qu'elle est déposée "par des organisations syndicales des magistrats qui n'ont aucun titre et n'a aucune recevabilité à déposer cette plainte". Sur le fond, "l'infraction n'est pas constituée, Éric Dupont-Moretti n'étant plus avocat". Mais ce qui est intéressant pour l'essayiste, c'est que "l'information judiciaire met le ministre en difficulté". En conséquence, Emmanuel Macron a deux choix : "soit le garder et lui faire la misère, soit s'en débarrasser et perdre la face", observe Régis de Castelnau. Au risque de s'en prendre ensuite aux proches du Président : Benalla, Bayrou ou Ferrand.
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