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Réseaux sociaux : faut-il supprimer les appels à la révolte ?

Par Jean Baptiste Giraud

Pour le commissaire européen Thierry Breton, les appels à la révolte doivent être "instantanément supprimés" des réseaux sociaux.

Faut-il supprimer les contenus sur les réseaux sociaux quand ils sont considérés comme haineux ou appelant à la révolte ou la violence. C’est l’avis de Thierry Breton, commissaire européen aux affaires intérieures. Pour lui, les appels à la révolte doivent être "instantanément supprimés".

Réseaux sociaux : Un Digital Social Act européen

"En soi, il s’agit d’une coordination européenne, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, estime Véronique Reille-Soult, présidente du cabinet Backbone Consulting, maître de conférences à Sciences Po Paris. Plus vous êtes groupés, plus vos actions ont une chance d’aboutir." Mais quid de la mise en application ? Peut-on vraiment supprimer des contenus instantanément ? "Aujourd’hui, il existe déjà une possibilité : les réquisitions des autorités judiciaires et administratives. Elles sont envoyées aux réseaux, qui retirent instantanément les contenus signalés. Il n’y a donc pas forcément besoin d’une loi en plus."

"Le sujet est : qu’est-ce qu’un contenu haineux, un contenu qui appelle à la révolte ? Demander une modération et que ce soit retiré sans réquisition judiciaire , qu’il y ait dans le DSA, le Digital Social Act de Thierry Breton, des signaleurs de confiance, pourquoi pas ? Mais quels sont les critères ? Qu’est-ce qu'inciter à la révolte ? Vous n’avez déjà pas le droit d’inciter au meurtre, d’avoir des propos qui mettent en danger les autres."

 

L'IA pour modérer et repérer les messages

"Tous les contenus terroristes sont systématiquement retirés, rappelle l'auteur de “L’Ultime pouvoir : La vérité sur l’impact des réseaux sociaux” (Éditions du Cerf). Quand les critères sont très clairs, c’est retiré. Mais quand vous partagez une vidéo d’une émeute, êtes-vous en train de faire un appel à la violence ou de partager une information ? Quand vous dites « je ne suis pas d’accord avec l’État », est-ce une incitation à la révolte ou l’expression de votre opinion ? Sur des critères clairs et précis, comme ne pas tenir des propos haineux, insultants, cela doit être retiré. Les réseaux sociaux le font quand il y a injonction. Je ne crois pas que ce soit la loi annoncée par Monsieur Breton qui vienne changer grand chose."

"Le seul point intéressant de ce DSA, pour le moment, ce sont ces fameux signaleurs de confiance qui doivent être écoutés en priorité. Mais eux-même sont d’accord pour dire que qui va être compliqué, ce sera de définir les critères selon lesquels ont souhaite faire retirer des contenus." La modération va-t-elle dépendre de l'intelligence artificielle ? "Elle va essentiellement en dépendre !  Quand vous avez des millions de messages, il faut faire quelque chose. Juste sur les quelques jours des émeutes, sur les plateformes dites écoutables, vous avez eu 18 millions de messages. Vous avez besoin de l’IA, de donner des critères pour faire remonter certains messages. Pour demander ensuite à des modérateurs de les regarder et de les retirer."

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