Au milieu des cheminots, les blouses blanches du personnel infirmier de l’hôpital public étaient elles aussi en grève jeudi après-midi pour défendre non seulement leur statut de fonctionnaire mais aussi leur pouvoir d’achat. Après six ans du gel du point d’indice, François Hollande avait donné un coup de pouce avec une revalorisation de 1,2% mais à son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a de nouveau gelé le point d’indice.
Pour Vanessa, aide soignante à Paris depuis 15 ans touchant 1600 euros par mois, la situation est difficilement tenable. "Mon loyer est de 627 euros, sans les charges évidemment. Quand on compte les assurances et l’électricité, il ne reste rien du tout, on est à -500 euros", assure-t-elle au micro de Sud Radio. Carmen, infirmière, constate la précarisation de sa profession rien qu’en regardant ce qui se passe lors des pauses déjeuner. "Je vois dans les repas qu’elles amènent au travail un appauvrissement d’une population qui travaille et qui mange des pâtes à longueur d’année", clame-t-elle.
Isabelle Paoli, infirmière en bloc opératoire depuis 33 ans, gagne, elle, 2300 euros nets par mois. En tant que mère de famille, sa situation reste fragile. "Il faut tout le temps faire attention, on ne peut pas se payer de vacances d’hiver. Le ski, je ne connais pas. Quand on a des enfants à élever et des études à payer, ça revient cher aussi. (…) Pour les infirmières de bloc opératoire, on nous a rajouté des responsabilités supplémentaires qui nous permettent à la limite de rendre notre travail plus intéressant, mais sans aucune revalorisation salariale ! On passe le mauvais instrument au chirurgien, le mauvais médicament au patient… On ne réalise pas bien le soin… On est tout le temps avec des contraintes de sécurité, des contraintes de vie !", indique-t-elle.
Un reportage d’Adeline Tavet