La question se pose d'autant plus depuis la chute de Raqqa. Comment gérer le retour en France des personnes parties rejoindre les rangs de Daesh ? On apprenait ce lundi qu'une vingtaine de familles de djihadistes ont envoyé une lettre aux autorités pour s'occuper du retour en France de ces personnes parties.
Me William Bourdon est l'avocat de certaines femmes qui cherchent à rentrer en France en se soumettant à la justice française. Invité du grand journal de 18h, il insiste sur la pluralité des profils de ses clientes.
"Globalement, ce sont des femmes, de ce que je comprends, qui ont plutôt accompagné leur mari, parfois sous la contrainte, parfois sous la menace, a-t-il expliqué. Certaines ont cherché à partir assez vite, avec leurs enfants, et en ont été empêchées. Il y a toute une constellation de femmes qui épluchaient des pommes de terres, qui s'occupaient de la laverie et sans doute d'autres qui étaient plus proches des responsables de Daesh. Il y a des tas de femmes qui n'ont en rien combattu. Il y a qui ont été, il n'est pas question de le nier, dans un rôle opérationnel et certaines qui en étaient très loin et qui ont été écœurées, consternées par ce qu'elles voyaient. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier."
C'est pourquoi il souhaiterait que l'État français se charge de rapatrier ces personnes pour les judiciariser lui-même, d'abord pour pouvoir gérer la question des enfants en bas-âge qui doivent être réintégrés, mais aussi parce que cela pourrait apporter des éléments de renseignements importants : "Les mamans, avec les enfants, ne doivent pas être traitées comme les combattants. Il est normal que la justice française judiciarise ceux qui voudraient rentrer, les fasse interroger à la sortie de l'avion par les services secrets, pour ensuite les faire comparaître devant un juge d'instruction. Des contacts que j'ai avec les familles, où il y a des gens très respectables, elles comprennent et savent ce qui les attend, c'est-à-dire rendre des comptes à la justice de leur pays. Ces gens sont aussi des mines de renseignement. Il serait contre-productif de se priver de la possibilité de comprendre dans quelles conditions ces réseaux de recrutement se sont mis en place pour les convaincre de partir."
Écoutez l'interview de Me William Bourdon, invité du Grand Journal de 18h, au micro de Marjorie Péjac