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Retraites: les partenaires sociaux veulent "s'autonomiser"

Les trois syndicats de salariés et les deux organisations patronales encore engagés dans les concertations sur les retraites vont continuer leur travaux, mais avec une volonté de "s'autonomiser" par rapport au pouvoir politique.

Thibaud MORITZ - AFP

Les trois syndicats de salariés et les deux organisations patronales encore engagés dans les concertations sur les retraites vont continuer leur travaux, mais avec une volonté de "s'autonomiser" par rapport au pouvoir politique.

"Cela continue mais c'est très fragile", a déclaré la négociatrice de la CFTC, Pascale Coton, après une réunion jeudi consacrée en partie au nouveau contexte créé par les propos du Premier ministre François Bayrou dimanche, affirmant que les concertations ne permettraient pas de revenir à 62 ans.

Ces déclarations ont provoqué notamment le départ de la CGT.

Côté patronal, le président du Medef Patrick Martin a affirmé jeudi vouloir "relancer les discussions sur de nouvelles bases" en les élargissant "au financement de toute la protection sociale" et à la question des cotisations qui doivent "baisser", dans un entretien aux Echos.

"Il faut sortir du format imposé par le gouvernement et réunir les organisations patronales et syndicales dans un cadre autonome," a ajouté le dirigeant du Medef.

Un peu plus tôt le négociateur de la Confédération des PME (CPME) Eric Chevée avait expliqué: "On va écrire nous-mêmes nos objectifs et notre feuille de route".

Sur la même ligne, le syndicat de salariés CFDT veut "définir entre partenaires sociaux les objectifs" des travaux, "et leur calendrier", a renchéri son négociateur Yvan Ricordeau.

Mais maintenir le navire des concertations à flot risque de s'avérer compliqué.

Pour la patronne de la CGT Sophie Binet, "le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave. "C'est très grave parce que le Premier ministre s'était engagé à ce que ces discussions soient +sans totem, ni tabou+", a-t-elle dit mercredi soir, réaffirmant : "les 62 ans, c'est la question centrale".

Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 56% des personnes sondées souhaitent revenir aux 62 ans (contre 62% en janvier) et une sur deux voudrait voir adoptée une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites dans les prochaines semaines.

Au moment où se tenait le "conclave", plusieurs centaines de personnes - en majorité des retraités, et des sympathisants de la CGT mais aussi de la FSU , CFTC, ou Solidaires - ont manifesté à Paris et Toulouse pour réclamer une "retraite à 60 ans" ou une "vraie revalorisation des pensions".

- "Idées claires" -

Reste à savoir si les cinq organisations restantes vont réussir à se fixer rapidement une nouvelle feuille de route.

A l'issue de la réunion de jeudi, la CFTC et la CFE-CGC (cadres) ont regretté notamment que le Medef n'ait encore dévoilé aucune proposition de contribution patronale à un rétablissement de l'équilibre du système des retraites, comme une hausse des cotisations patronales ou un bougé sur l'âge de départ à la retraite.

Mais pour la négociatrice du Medef, Diane Milleron-Deperrois, s'il n'est "pas possible d'activer les cotisations pesant sur les salariés et les employeurs", il est encore "trop tôt" pour dévoiler "d'autres leviers".

Parmi les nouvelles thématiques qui pourraient figurer dans la nouvelle feuille de route que vont tenter de se fixer les partenaires sociaux, il y la reprise en main du pilotage du régime général des salariés du privé, devenu une prérogative du pouvoir politique en 1995, lors de la réforme Juppé.

La CFDT "a les idées claires sur comment on peut aboutir sur les règles de pilotage", a déclaré Yvan Ricordeau, dont le syndicat n'exclut pas de lier les discussions sur les retraites à des négociations plus larges sur la protection sociale en général, a-t-il indiqué.

"Nos instances se réunissent mi-avril, je ferai le bilan. Et si on me dit arrête, j'arrêterai, tristement, mais bien obligée", car "on ne peut pas continuer de servir la soupe au Medef", a déclaré Pascale Coton de la CFTC.

Outre la CGT et FO, parti dès la première réunion en qualifiant le processus de "mascarade", le syndicat patronal des artisans U2P a lui aussi quitté les concertations, estimant que l'équilibre du régime des retraites "imposera de repousser l'âge légal de départ au-delà de 64 ans", sauf pour les métiers difficiles.

bur-bat-eva-lby-ref/nth

Par Ambre TOSUNOGLU, Laurent BARTHELEMY / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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