Le procès de Rodrigue Petitot, leader du mouvement de protestation contre la vie chère en Martinique, interpellé le 12 novembre après une altercation avec le préfet à son domicile, s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France.
A l'ouverture du procès, très attendu dans le territoire ultra-marin et qui devrait durer deux jours, des manifestants se sont massés devant les grilles du tribunal, scandant des slogans en soutien au président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), collectif à l'initiative du mouvement de protestation qui a débuté en septembre dernier.
A la mi-journée, une source policière recensait 550 manifestants.
La justice reproche à M. Petitot, surnommé "Le R" par ses soutiens, de s’être introduit sans autorisation dans la résidence préfectorale le 11 novembre, "d’abord à l’aide d’un véhicule, puis à pied", a énoncé Thomas Lamorelle, le président du tribunal, en début d’audience.
Le leader du RPPRAC est également poursuivi pour "menaces et actes d’intimidation" envers le représentant de l’État, a ajouté le magistrat.
"On veut incarcérer le symbole de la vie chère (...). Tout est fait pour éteindre le vrai combat", a indiqué le prévenu, qui comparaît détenu. "Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte", a-t-il soutenu devant le tribunal.
Le président a ordonné le renvoi au 31 mars du procès de trois autres membres du collectif qui avaient accompagné M. Petitot devant la résidence préfectorale en filmant la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux.
Les quatre militants avaient tenté de rencontrer le ministre chargé des Outre-mer, qui effectuait un déplacement de quatre jours en Martinique, au terme de deux mois de tensions et plusieurs nuits d’émeutes en marge des manifestations contre le coût élevé des denrées alimentaires sur l’île. Après un face-à-face tendu devant la porte de sa maison, le préfet avait refusé d’accéder à la demande du RPPRAC.
"Ce qu’on fait au +R+, c’est une injustice", s’est indignée Christiane, une manifestante de 69 ans venue de Rivière-Pilote (sud), durant une suspension d’audience. "La vie est très chère", a ajouté cette retraitée, qui a fait part de son intention de revenir manifester devant le tribunal mercredi.
AFP / Fort-de-France (AFP) / © 2025 AFP