Le Français Laurent Vinatier a fait appel de sa condamnation à trois ans de prison en Russie pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", a indiqué mardi un tribunal de Moscou.
Le tribunal Zamoskvoretski de Moscou a reçu et enregistré "le 21 octobre" le recours de M. Vinatier, arrêté le 6 juin et condamné le 14 octobre, a-t-il précisé sur son site internet.
L'avocat de M. Vinatier, Alexeï Sinitsyne, a confirmé l'appel à l'AFP mais s'est refusé à tout autre commentaire.
Moscou utilise le label de "l'agent de l'étranger" qui rappelle l'époque soviétique, assorti de contraintes administratives très strictes, pour museler et réduire au silence les voix critiques.
Laurent Vinatier, un chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique, était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels.
Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé que l'accusé avait recueilli "des informations militaires et techniques pouvant être utilisées par des services de renseignement étrangers à l'encontre de la sécurité de la Russie".
Ces accusations avaient fait redouter une inculpation plus grave, pour "espionnage", un crime passible de 20 ans de prison en Russie.
Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe à grande échelle de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des États.
Jusqu'à son arrestation début juin 2024, il effectuait des voyages dans les deux pays.
A l'audience, les avocats de M. Vinatier avaient eux demandé que leur client, qui avait "pleinement avoué sa culpabilité", soit sanctionné par une simple amende.
Cette affaire survient à un moment de grande tension dans les relations entre Moscou et Paris: la Russie est accusée d'une série d'actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l'Ukraine.
AFP / Moscou (AFP) / © 2024 AFP