Sabrina Ali Benali dénonce "une politique de petits pas"
Selon Sabrina Ali Benali, le problème des hôpitaux, mis en exergue notamment par le récent appel au gouvernement de quatre fédérations hospitalières, dépasse la situation des urgences. "C’est une politique de petits pas, il n’y a jamais eu de moment de rupture. On a supprimé des lits, des maternités de proximité…", a-t-elle déploré au micro d’André Bercoff.
"À une époque, c’était la politique de l’offre : on pensait qu’en réduisant le nombre de médecins, on réduirait la demande, ce qui est absolument faux. Aujourd’hui, 60% des étudiants et internes sont en souffrance psychologique. Parmi les étudiants en dernière année, le pourcentage passe même à 88%. La question qui se pose n’est pas 'est-ce qu’on va faire une erreur', mais 'quand'...", a poursuivi Sabrina Ali Benali.
Sabrina Ali Benali : "On nous empêche de nous occuper des malades"
Interrogée par André Bercoff sur ce qui l’a frappée dans le décalage entre "la beauté des études" et la réalité, Sabrina Ali Benali nous a raconté ce que vivent les aide-soignants. "Dans leur école, on leur explique comment il faut faire la toilette de quelqu’un, qu’il faut le faire en 20 ou 30 minutes. Mais en arrivant à l’hôpital, ils se retrouvent à le faire en moins de 5 minutes en lavant la bouche, les yeux et un petit peu sous les bras."
Sabrina Ali Benali nous a aussi raconté que dans les unités d’hospitalisation de courte durée (là où passent les patients après les urgences, en attendant d’être orientés vers l’un des services pour entamer les soins), de 9h à 18h, le but des médecins est de faire sortir les malades. "Vous n’y pratiquez pas la médecine", a tempêté Sabrina Ali Benali. "Il en va de même dans les unités de soins classiques. Il y a un énorme poids bureaucratique : il faut par exemple saisir à l’ordinateur toutes les ordonnances et faire des compte-rendus. Là-bas, vous passez 60% de la journée devant l’ordinateur", a-t-elle expliqué.
À l’origine des problèmes des hôpitaux, la stagnation des recettes de la Sécu
"On se fait engueuler par la hiérarchie parce que la durée moyenne de séjour est dépassée pour tel ou tel patient, mais aussi par les proches des malades qui sont mécontents parce que la seule place que vous avez trouvée à leur papa ou maman se trouve à 1h30 de chez eux. Ceci pour dire que, quand vous travaillez dans un hôpital, vous avez tout le temps des injonctions contradictoires", a raconté Sabrina Ali Benali à André Bercoff.
"Les syndicats de professionnels de santé, les syndicats d’internes, les syndicats d’usagers, les associations du secteur… tout le monde alarme les fédérations hospitalières en disant 'stop, c’est plus possible'. Mais au final, on se heurte à l’insuffisance du budget de la Sécu. Mais le problème de la Sécu, est-ce un problème d’entrées ou de dépenses ? Eux, ils ne le voient que sous l’angle des dépenses. Mais d’où proviennent les recettes de la Sécurité sociale ? Des gens qui cotisent ! Quand on supprime des emplois, ce sont les recettes de la Sécurité sociales qu’on ampute !", a-t-elle dénoncé au micro d’André Bercoff.
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