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Salon de l'agriculture: la grande distribution entre engagements et coup de communication

Cinq patrons de la grande distribution ont présenté mercredi des "engagements" impulsés par l'animatrice Karine Le Marchand et devant aider le monde agricole, en plein sprint final des négociations commerciales avec les fournisseurs industriels et en l'absence du leader du secteur E.Leclerc, qui a salué l'initiative.

Thomas SAMSON - AFP

Cinq patrons de la grande distribution ont présenté mercredi des "engagements" impulsés par l'animatrice Karine Le Marchand et devant aider le monde agricole, en plein sprint final des négociations commerciales avec les fournisseurs industriels et en l'absence du leader du secteur E.Leclerc, qui a salué l'initiative.

L'animatrice de l'émission de téléréalité L'amour est dans le pré Karine Le Marchand a organisé mercredi une rare prise de parole commune des patrons de la grande distribution, lors du Salon international de l'agriculture (SIA).

Si le leader E.Leclerc et son médiatique représentant Michel-Edouard Leclerc manquaient à l'appel, Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (Mousquetaires/Intermarché), Dominique Schelcher (Coopérative U), Guillaume Darrasse (Auchan) et Philippe Palazzi (Casino) étaient bien présents. A elles cinq, ces enseignes représentent près des deux tiers des parts de marchés du gigantesque secteur de la grande distribution alimentaire.

Elles se sont engagées à aider les producteurs agricoles, sans dévoiler d'objectif chiffré.

D'une part, "les agriculteurs qui se déclarent en difficulté et qui emploient deux salariés hors saisonniers pourront aller voir" les magasins proches de ces enseignes, pour écouler leur production à un prix qui "ne sera pas négocié", a assuré Mme Le Marchand, précisant que le dispositif était "réservé" aux producteurs qui ne vendent pas déjà en grandes surfaces.

- "Alerte surproduction" -

Le PDG de Carrefour et patron de la fédération patronale des supermarchés (FCD) Alexandre Bompard a par ailleurs présenté une "alerte surproduction", devant aider "les filières qui se retrouvent en surproduction".

Quand France Agrimer, établissement public spécialiste des produits de l'agriculture et de la mer, verra "un prix en baisse de 15 à 20% pendant plusieurs jours", il "pourra alerter sur un état de surproduction".

L'idée est alors "de se tourner vers les patrons de médias ou de presse pour demander à accompagner pour ces moments d'alerte", a indiqué le patron du seul distributeur du CAC 40.

L'initiative n'est pas sans susciter du scepticisme, alors que la distribution négocie avec ses fournisseurs de l'agro-industrie jusqu'au 1er mars les conditions de commercialisation d'une large partie de ce qui sera vendu en magasins en 2025. Ces négociations ont lieu dans un climat traditionnellement tendu.

Le président de la Fédération patronale de l'industrie laitière (Fnil), François-Xavier Huard avait d'ailleurs ironisé: "l'amour est peut-être dans le pré, mais pas dans les salles de négociations". L'Association nationale des industries alimentaires (Ania), représentant des agro-industriels, a dénoncé un "énième coup de communication".

Christiane Lambert, présidente de la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (Fict) et ex-patronne du syndicat agricole majoritaire FNSEA, a aussi dit se méfier "des effets d'annonce et des coups de com' au moment du salon", malgré les "bonnes intentions" de Karine Le Marchand.

"Il faut saluer toute initiative visant à améliorer le revenu des agriculteurs", a aussi réagi Dominique Chargé, président de la Coopération agricole qui représente plusieurs milliers de coopératives agricoles, mais cela "ne suffira pas à sauver l'agriculture française ni à rééquilibrer les rapports de force".

- Absence de Leclerc -

Karine Le Marchand avait auparavant déploré l'absence du leader E.Leclerc, "problématique parce qu'au départ on avait un quatrième pilier", consistant à "mettre la pression sur les industriels tous ensemble pour qu'ils soient sur la transparence de l'origine France". Sans le leader du secteur, la proposition a dû être abandonnée, a-t-elle regretté.

Michel-Edouard Leclerc a de son côté jugé qu'il s'agissait d'"une bonne initiative", "intéressante pour les enseignes qui n'ont pas encore de démarche organisée avec les producteurs locaux".

Il a assuré que E.Leclerc avait déjà des dispositifs similaires en place. "C'eût été contre-productif de faire comme si on lançait cette initiative...", a-t-il glissé mercredi sur son compte X.

La défiance reste importante entre les différents maillons de la chaîne alimentaire française qui, malgré les joutes verbales, restent d'importants partenaires commerciaux.

Le gouvernement prévoit de revoir une nouvelle fois les lois Egalim, qui visent à mieux protéger la rémunération des agriculteurs lors des négociations entre industriels et distributeurs. Le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola a dit mercredi sur Public Sénat prévoir une révision des lois Egalim "avant l'été ou juste après l'été".

cda-mdz-gbh-hrc/jbo/LyS

Par Corentin DAUTREPPE / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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