Leur quotidien, leur situation économique est difficile. Agriculteur, est-ce un métier d’avenir ? Les chiffres parlent d’eux même : un tiers des exploitations agricoles ont disparu en dix ans. 40% des agriculteurs gagnent autour de 350 euros par mois.
Le poids des normes et des emprunts
La profession est aussi marquée par les suicides : un tous les deux jours. À la dureté du métier s’ajoute la solitude pour un quart des paysans. "Une certaine agriculture est en train de mourir, estime Véronique Jacquier. Celle des petites exploitations familiales. Mais si le tableau est sombre, il y a quand même des passionnés qui se lancent dans l’aventure. 14.000 l’an dernier." Pour autant, le schéma traditionnel du fils reprenant l’exploitation familiale est bousculé par l’arrivée des néo-ruraux. Plusieurs modèles tentent de faire leur preuve : conversion au bio, circuits courts…
Et pour porter des projets, il y a de plus en plus le recours à des systèmes de financement innovant comme le financement participatif. "Heureusement, estime Véronique Jacquier. Sinon, il n’y aurait plus guère de possibilité de reprendre ou de se lancer dans une exploitation. Les emprunts trop lourds, la paperasse, les normes environnementales tuent à petit feu beaucoup d’agriculteurs. Sur 430.000 exploitations en France, 30.000 mettent la clef sous la porte chaque année…"
Joël Pecourneau, agriculteur à Madaillan dans le Lot-et-Garonne, tient pour sa part une exploration de 35 hectares. Leur fille Emilie a publié une lettre sur Internet racontant leur vie. Elle a même lancé une cagnotte sur Leetchi sans les prévenir, qui a déjà rassemblé près de 200.000 euros. "Je pense qu’on arrivera à solder le passif et à faire les mises au normes correctement. Ce sont les agriculteurs de petites exploitations qui ont le plus de mal pour trouver l’argent nécessaire pour les investissements. Et quelquefois, ça fait comme nous, cela ne passe pas. On n’atteint pas le seuil de rentabilité du produit pour compenser le coût".
Un agriculteur nourrit 60 personnes
Par ailleurs, on manque de bras dans l’agriculture… Alors que l'on compte 5 millions de chômeurs en France, 70.000 offres d’emplois sont non pourvues dans l’agriculture... "Il y a moins d’exploitations, mais la demande est toujours plus soutenue, rappelle Véronique Jacquier. Un agriculteur nourrit 60 personnes. Il y a quinze ans, c’était 40 personnes. Alors soyons positifs, comme les agriculteurs qui ne se plaignent jamais et qui sont d’une grande dignité. Les villages qui veulent des agriculteurs organisent eux même le recrutement, et ça marche !"
Enfin, l’agriculture, c’est aussi une ribambelle de nouveaux métiers comme la gestion de la traçabilité des produits. Les conducteurs hautement qualifiés d’engins agricoles sont également des profils très recherchés. "L’agriculture se nourrit des nouvelles technologies, rappelle Véronique Jacquier. Elle est en mutation, et nos paysans sont moins nombreux mais plus connectés. Le magazine américain The Economist a classé la France premier modèle d’agriculture durable au monde pour la troisième année consécutive. Nous faisons des envieux ! Voilà une bonne raison de rester optimiste !"
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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