Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi après-midi à Paris dans l'émotion, pour demander un arrêt des "violences motorisées", quelques jours après la mort d'un cycliste de 27 ans dans la capitale, et réclamer des mesures pour pacifier la cohabitation entre cyclistes et automobilistes.
Les participants, pour beaucoup venus à vélo, se sont rassemblés place de la République, dans le centre de Paris, sous les slogans "moins de vitesse, plus de tendresse", "marcher ou pédaler, pour des rues apaisées", "stop violences motorisées", ou encore "policiers, ne nous laissez pas tomber".
"A un moment, il faut se calmer, la route appartient à personne et à tout le monde", a dit à l'AFP Véronique, qui n'a pas souhaité préciser son nom de famille. "Ça aurait pu être moi, une voiture c'est une arme", s'est indigné cette trentenaire, qui circule tous les jours dans Paris en vélo électrique pour son entreprise de conciergerie, La fille à vélo.
"La violence motorisée tue. Nous voulons que les pouvoirs publics s'emparent vraiment du sujet", a réclamé Anne Monmarché, présidente de Paris en Selle, association qui milite pour améliorer les conditions de circulation à vélo et revendique un millier d'adhérents. "Il faut protéger les plus vulnérables. Paul n'est plus là, mais nous, on est là", a-t-elle ajouté à la fin de sa prise de parole, très émue.
Elle fera partie d'une délégation qui sera reçue lundi après-midi par le ministre des Transports François Durovray.
"L'idée est d'écouter les propositions des acteurs associatifs représentant les cyclistes dans le respect, afin de coconstruire ensemble les futures politiques", a indiqué son cabinet à l'AFP.
Paul Varry, 27 ans, adhérent actif de l'association Paris en Selle est décédé sur la voie publique mardi, écrasé par un automobiliste avec qui il venait d'avoir un différend, sur le boulevard Malesherbes, dans le 8e arrondissement de Paris.
Le conducteur, un technico-commercial de 52 ans, a été mis en examen pour meurtre et écroué.
Les manifestants à Paris ont respecté une minute de silence à 17h45, heure à laquelle le drame s'est déroulé, suivie d'une très longue salve d'applaudissements.
Des rassemblements ont également eu lieu à la même heure devant les mairies de nombreuses autres villes de France, à l'appel notamment de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) et de l'association Mieux se déplacer à bicyclette.
A Nantes, environ 300 personnes ont participé à la minute de silence devant la mairie, a observé une journaliste de l'AFP.
"C'est un assassinat pour de la carrosserie. On en parle aujourd'hui, heureusement, mais parce que c'était en plein Paris. Dans la campagne par exemple il y a beaucoup de faits qui restent invisibles", a déploré Arthur Desmidt, 29 ans, casque sur la tête.
"Il faut arrêter de considérer la voiture comme un prolongement de soi et la survaloriser dans la vie de tous les jours", a plaidé Barbara Delattre, professeure de lycée et membre de l'association Nice à vélo, ville où près d'une centaine de personnes ont observé une minute de silence à Paul Varry.
En 2023, 226 cyclistes sont morts sur les routes de France, dépassant pour la troisième année consécutive le seuil des 200 morts.
AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP