Propos recueillis par Grâce Leplat
Le CHU de Montpellier connaît un afflux de malades en état grippal depuis le début de la semaine. Une situation qui risque d’empirer avec la multiplication des cas de coronavirus. Dans l’Hérault, 24 personnes sont touchées et une dizaine hospitalisées. Face à un hôpital déjà en crise, Stéphane Mella, secrétaire général du syndicat UNSA au CHU de Montpellier, redoute le pic de l’épidémie:
"Il y a eu un afflux de patients: les gens sont inquiets. On ne peut pas empêcher les gens de venir aux urgences, même si on leur dit d'éviter de le faire, car vous allez bloquer le système. Aujourd'hui l'hôpital de Montpellier fait face grâce à l'engagement et l'abnégation de tous nos collèges hospitaliers qui font le maximum avec tous les moyens qu'ils ont... Mais jusqu'à quand?" - Stéphane Mella (UNSA)
La "réserve sanitaire": retraités, étudiants, internes, indépendants
Face à la multiplication des cas de coronavirus et la pression mise sur les hôpitaux, la France dispose d'une « réserve sanitaire » de médecins, infirmiers, et pharmaciens. Etudiants, internes, indépendants ou à la retraite: ils peuvent se mobiliser en cas d'action terroriste, de situation climatique extrême et d'épidémie. Guy Fuchs, médecin généraliste à la retraite, a été appelé pour prendre les nombreux appels au SAMU.
"On m'a téléphoné au SAMU en me disant: est-ce que vous pouvez venir ce matin? Il faut du personnel pour traiter tous les appels... Plus de 1500 appels, ou quelque-chose comme ça, c'est impressionnant ! On prend en compte les appels des gens qui ont du souci concernant leur température, leur toux... Des problèmes grippaux qu'on verrait normalement en cabinet médical, mais qui appellent, qui appellent, et qui appellent car on en parle beaucoup ! On décharge le SAMU des autres appels qu'ils peuvent alors plus librement prendre en compte. Les appels majeurs sont traités par des médecins du SAMU " - Guy Fuchs, médecin généraliste à la retraite
Sans masque, "on ne va pas mettre la vie des ambulanciers en danger !"
Depuis le début de la crise sanitaire les ambulanciers urgentistes prennent en charge les soins d’urgence, le transport de patients suspectés d’être atteints du coronavirus et les transferts inter-hospitaliers. Objectif : décharger les urgences. Mais face à l’épidémie de coronavirus, les distributeurs de masques chirurgicaux sont à sec. Une situation qui rend difficile le travail des ambulanciers urgentistes selon Jean-Marc Falson, dirigeant d’une société d’ambulances à Paris:
"On demande des masques FFP2 pour protéger le personnel du virus. Apparemment c'est impossible à avoir. S'il n'y a pas de matériel, il n'y a pas de transports. On ne va pas mettre en danger la vie des ambulanciers s'il n'y a pas de matériel ! On ne demande pas grand chose, on demande des masques ! Je ne sais pas, le gouvernement dit qu'il y a 200 millions de masques, 15 millions sur l'Ile-de-France, mais je ne sais pas où ils sont !" - Jean-Marc Falson, dirigeant d’une société d’ambulances