Pas d'appel à la grève avant le 15 mars. Tel est le principal enseignement à retenir de l’intersyndicale réunissant les quatre principaux syndicats mardi soir gare de l’Est à Paris, alors que le gouvernement a décidé d'utiliser les ordonnances et donc de passer en force sur la réforme de la SNCF et du statut de cheminot. Même si une alerte sociale sera déposée ce soir – préalable obligatoire à un préavis de grève – pour maintenir la pression sur le gouvernement, les organisations syndicales ont décidé de calmer le jeu. Dans l’attente de la résolution ou de l’enlisement du conflit, les usagers, eux, sont partagés sur cette menace de grève.
Prenant régulièrement le train pour retrouver ses enfants, Sylvie s’inquiète d’une possible grève mais refuse de cautionner le passage en force du gouvernement. "On n’obtient rien par la force, il faut communiquer et discuter. S’ils font grève et que le gouvernement refuse de parler, ça va être pire. On va subir mais bon, s’ils veulent faire grève et défendre leurs droits, ils ont le droit. Tout le monde a le droit de défendre son travail", assure-t-elle au micro de Sud Radio.
"Nous aussi on en a marre"
Alexandre, lui, se veut moins bienveillant envers les cheminots et leur statut. "Je ne connais pas dans le détail le statut des cheminots, ceci étant il semblerait globalement avantageux. La pénibilité au travail touche tout le monde, ce n’est pas la peine d’en rajouter non plus", lâche-t-il avant d’approuver clairement le principe de la réforme par ordonnances. "À un moment donné, il faudra bien réformer les choses. C’est une manière comme une autre, et la menace de grève, ça fait des années que ça dure, donc ça commence à bien faire", s’agace-t-il.
Même tension chez Christa, qui prend le train trois fois par semaine. "Je n’ai plus aucune compassion pour les raisons de grève. Au contraire, je suis prête à me mobiliser avec d’autres voyageurs pour faire une grève de voyageurs et montrer que nous aussi on en a marre !", tonne-t-elle.
Un reportage de Benjamin Glaise