Le suicide d'un conducteur de TGV qui a sauté de son train en marche est à l'origine des importantes perturbations sur la ligne à grande vitesse Sud-Est qui ont affecté des milliers de voyageurs le soir du Réveillon de Noël, a annoncé la SNCF mercredi.
Le conducteur "a mis fin à ses jours alors que le train était en train de rouler", a indiqué la SNCF.
"Dès qu'il a abandonné son poste de conduite, les dispositifs d'arrêt automatique du train se sont activés et le train s'est arrêté automatiquement", a-t-elle précisé.
"La sécurité des passagers du train n'a été menacée à aucun moment, pas plus que la sécurité des circulations, le central de gestion des circulations ayant été alerté immédiatement automatiquement", a encore dit la compagnie de chemin de fer.
"Ca a plutôt très bien fonctionné puisque les usagers n'ont pas été mis en danger", a confirmé Philippe Tabarot, le nouveau ministre des Transports, sur France Info.
Selon lui, l'incident s'est produit vers 20 heures en Seine-et-Marne. "Les personnels se sont aperçus qu'il n'y avait plus de conducteur dans la cabine. Et très rapidement, ils ont compris que quelques kilomètres plus tôt, le conducteur avait probablement souhaité mettre fin à ses jours".
Il a évoqué un "conducteur très apprécié" et expérimenté dans le secteur de Saint-Etienne.
Cet "accident de personne" est à l'origine d'importants retards mardi soir sur la LGV Sud-Est concernant une dizaine de TGV au départ ou à l'arrivée de la Gare de Lyon et affecté des milliers de passagers le soir du Réveillon de Noël, avec des retards allant jusqu'à trois et cinq heures.
Le parquet de Melun avait évoqué avant la confirmation de la SNCF un possible suicide du conducteur. L'incident a eu lieu au sud de la Seine-et-Marne, sur la commune de Crisenoy, en zone gendarmerie, selon deux sources, policière et proche de l'enquête.
Une autre enquête, judiciaire, a été ouverte pour recherches des causes de la mort et confiée à la compagnie de gendarmerie de Melun, selon le parquet.
La SNCF, qui a insisté sur ce "terrible drame" qui plonge dans le "deuil" toute la famille cheminote en ce jour de Noël, explique que les systèmes de sécurité ont parfaitement fonctionné.
Selon une porte-parole, c'est "de mémoire" la première fois qu'un tel incident se produit.
- Plan Pégase -
La SNCF explique que le dispositif de sécurité, appelé "Veille Automatique avec Contrôle du Maintien d'Appui" (VACMA), "permet de confirmer la présence active du conducteur en permanence" dans la cabine de conduite du train.
Le conducteur doit ainsi "alternativement appuyer puis relâcher soit une pédale avec le pied soit un contacteur avec la main", indique la SNCF. "S'il ne relâche pas la pression toutes les 30 secondes ou s’il ne réappuie pas sur le mécanisme au bout de 5 secondes, une alarme très bruyante se déclenche dans la cabine de conduite pour le faire réagir. Il a 3 secondes pour le faire."
"S'il ne le fait pas, les moteurs du train coupent automatiquement leur effort de traction et le dispositif automatique de freinage d'urgence se déclenche en même temps", précise la compagnie.
"C'est ce qui a permis qu'il n'y ait pas de mise en danger de la vie des nombreux voyageurs qui étaient dans ce train (qui) était bondé", a confirmé Philippe Tabarot.
"Il y aura une enquête extérieure et interne qui sera menée sur ces questions de sécurité", a-t-il indiqué en se disant "pas en mesure, en tant que ministre, de pouvoir dire si on peut améliorer encore le système".
"C'est vrai que c'était quelque chose qui n'était jamais arrivé, qu'un conducteur décide malheureusement de se suicider", a-t-il déclaré.
La CGT Cheminots, qui s'est dite "en deuil", a déploré sur X des attaques "scandaleuses" contre la corporation alors que des abonnés évoquaient une mise en danger des passagers.
L'événement a entraîné le déclenchement du plan Pégase (Plan contre l'engorgement des gares en situation exceptionnelle), destiné à absorber l'arrivée massive de voyageurs en gare alors que la plupart des transports en commun ne sont plus en service.
Le dispositif a été levé à 03H00, d'après une source proche de l'enquête.
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Par Maryam EL HAMOUCHI et Djallal MALTI / Bobigny (France) (AFP) / © 2024 AFP