Sophie Cluzel sur le congé proche aidant : "Il y a une réticence à se déclarer aidant et à le demander"
Le président de la République s'est engagé à ce que toutes les personnes en situation de handicap soient prises en charge. Le 6 octobre est la journée nationale des aidants, l'occasion de faire un point sur l'application du nouveau congé de proche aidant, qui permet à un salarié de cesser son activité professionnelle pour s’occuper d’une personne handicapée ou d’une personne âgée dépendante. "Il y a près de 11 millions d'aidants", affirme Sophie Cluzel pour qui "les accompagner et les connaître est tout notre enjeu". "Le congé a été mis en place pour concilier sa vie professionnelle et sa vie d'aidant, mais il n'est pas assez connu", regrette la secrétaire d'État qui observe "une réticence au sein de son entreprise à se déclarer aidant et à le demander".
[#SudRadio] @s_cluzel "Près de 11 millions d'aidants en France aujourd'hui. Le congé proche aidant n'est pas assez connu aujourd'hui (5000 personnes) : je veux mobiliser les entreprises également pour le faire connaitre."
— Sud Radio (@SudRadio) October 6, 2021
"Je ferai tout à l'heure une grande table ronde avec les entreprises pour les mobiliser, c'est à elles de porter cette annonce", assure Sophie Cluzel qui admet voir "beaucoup d'entreprises s'engager, parce que c'est la santé au travail, parce que le collaborateur est bien et donc plus performant. C'est tout l'enjeu de faire connaître ce congé pour pouvoir l'utiliser". "Aujourd'hui, près de 5.000 personnes l'ont demandé, c'est très peu", déplore la secrétaire d'État qui appelle à "lever cette chape de plomb sur la parole des aidants. Le congé est un bon de tirage facilitant, pour mettre en place".
"On fait feu de tout bois pour qu'on puisse atteindre ces aidants"
"On va simplifier les choses", assure Sophie Cluzel qui va d'abord "faire connaître le congé de proche aidant en mobilisant les entreprises". "Il faut aussi travailler sur le répit : offrir par exemple des places dans des établissements pour que la personne handicapée ou la personne âgée puisse aller deux ou trois jours, et que les aidants puissent souffler, se reposer", propose-t-elle. "Il faut 'aller vers', c'est-à-dire qu'il faut des applications simples", ajoute-t-elle en annonçant la généralisation de "l'application 'ma boussole', qu'on a expérimentée et qu'on va booster". "On fait feu de tout bois pour qu'on puisse atteindre ces aidants et leur faire connaître tous les dispositifs qui existent", se réjouit la secrétaire d'État en charge des personnes handicapées.
L'aide pour certains actes de la vie quotidienne sera élargie par ailleurs "pour les handicaps psychiques, mentaux : des personnes dont les troubles sont mal connus, mal évalués", annonce Sophie Cluzel. Elle appelle à "leur octroyer des droits qui vont leur permettre d'être mieux accompagnés en soutien à l'autonomie". Un travail commun avec "les départements, qui sont financeurs dans les territoires pour améliorer l'évaluation, l'octroi de droits, puis avoir les bons services pour accompagner ces personnes", explique-t-elle.
Il y a une demande pressante des familles sur l'autisme. "Il faut qu'on les accompagne avec leur famille, c'est pour ça que nous développons l'intervention précoce auprès des enfants, il y a un mouvement à l'école pour l'autisme", souligne Sophie Cluzel qui propose également de "s'occuper des adultes, c'est pour ça qu'on ouvre ces droits nouveaux et qu'on a travaillé avec les associations". La secrétaire d'État tient à "saluer le travail".
Sophie Cluzel : "Je n'ai pas attendu Pradié pour agir sur le handicap !"
Jeudi 7 octobre, le député LR Aurélien Pradié déposera une proposition sur le handicap, pour plus de justice et d'autonomie. Parmi les points soulevés, le fait que l'allocation d'une personne handicapée dépend des revenus de son conjoint. "Je n'ai pas attendu Pradié pour agir sur le handicap !", fustige Sophie Cluzel. "Ça a avancé, ce que j'ai dit, on le fait. Nous avons relevé le plafond pour tenir compte de cette demande", se défend-elle. Au final, "120.000 couples pourront bénéficier de plus de 110 euros et pour certains 186 euros d'amélioration du maintien de leur allocation pour adulte handicapé dans un couple quand la personne travaille", explique la secrétaire d'État qui ne se considère "pas incantatoire, je veux des droits réels, ça sera dès le 1er janvier 2022".
"Aurélien Pradié parle du handicap psychique dans sa proposition, mais on n'a pas besoin de la loi pour ça, on ne l'a pas attendu. C'est totalement de la politique politicienne !", dénonce Sophie Cluzel qui demande "d'arrêter d'instrumentaliser le handicap à des fins politiques". Et si Aurélien Pradié dénonce une "déshumanisation" de la politique du gouvernement, "il ne connaît pas ce qu'il se passe sur les territoire", pour la membre du gouvernement.
[#SudRadio] @s_cluzel "Je dis à @AurelienPradie : Arrêtons d'instrumentaliser le handicap à des fins politiciennes!"
— Sud Radio (@SudRadio) October 6, 2021
Sophie Cluzel : "Éric Zemmour veut des petits Zemmour partout"
Dans la campagne présidentielle, quel est l'adversaire le plus redouté pour la majorité ? "Il y a surtout, je l'espère, bientôt un candidat qui porte un vrai projet de société", répond Sophie Cluzel, qui "entend des candidats qui manipulent des peurs, je ne vois pas de programme qui nous permette d'avoir de l'espoir".
"La France que propose Éric Zemmour est une France qui se rabougrit, c'est la France de la haine de l'autre", estime Sophie Cluzel. "Il veut des petits Zemmour partout, des gens qui se ressemblent alors que la France est riche. La France est plurielle, faite de plein de différences. Il faut pouvoir faire parler les gens entre eux, ne pas les opposer les uns aux autres. Il nous faut encore plus parler et leur montrer que la vie change, il faut aller les rencontrer. Mais ça ne va pas assez vite et pas assez proche d'eux", analyse la secrétaire d'État.
[#SudRadio] @s_cluzel "Les français veulent de l'espoir. La France qui propose #Zemmour c'est la France qui se rabougrit"
— Sud Radio (@SudRadio) October 6, 2021
"Il faut que chacun fasse un pas et que chacun se respecte"
La secrétaire d'État reconnaît l'existence de certains territoires perdus de la République. "Il ne faut pas être dans le déni, il y a des territoires compliqués où la relation ne se fait plus, il faut renouer. Les Français ne nous demandent pas de faire la guerre entre eux mais qu'on les écoute. Il faut que chacun fasse un pas et qu'on se respecte", admet Sophie Cluzel.
Pas de politique d'assimilation en vue. La membre du gouvernement souhaite une "société inclusive" avec "un environnement qui s'adapte et une prise en compte des différences". "Il faut que chacun fasse un pas et que chacun se respecte", insiste-t-elle.
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