"La thèse du complot ne tient pas": à quelques heures du début des réquisitions contre Nicolas Sarkozy et onze autres prévenus au procès des soupçons de financement libyen, les avocates de l'État libyen ont demandé mardi 10 millions d'euros de dommages et intérêts.
L'État libyen a "choisi une posture d'écoute attentive" lors du procès débuté le 6 janvier, mais il souhaite "obtenir réparation" car il "a subi un préjudice personnel, direct, résultant des infractions", a plaidé Me Carole Sportes.
Parmi les "sept millions de citoyens", "la très grande majorité est fonctionnaire", ainsi "au-delà du principe indispensable de probité qu'il faut défendre à tout prix", l'impact d'une possible corruption pour le peuple libyen est "direct" dans son "quotidien", a-t-elle ajouté.
La "thèse d'un complot, fomenté par le clan Kadhafi et les caciques du régime à compter de mars 2011" pour se venger de l'intervention internationale en Libye, cette thèse "brandie par la défense" ne "tient pas", a-t-elle poursuivi.
"Il y a trop d'éléments concordants venant d'une multiplicité de personnes", "trop de détails précis", "trop de constance dans le temps dans les déclarations", a-t-elle ajouté, détaillant ensuite une série d'éléments du dossier.
La seconde avocate de la Libye a précisé qu'elles demandaient à ce que différents prévenus soient condamnés au total à verser cinq millions d'euros au titre du préjudice matériel - correspondant à des virements d'argent libyen retracés sur le compte de l'intermédiaire Ziad Takieddine en 2006 - ainsi que la même somme au titre du préjudice moral.
"L'impact est bien plus grave que juste la somme allouée", a souligné Me Marion Seranne. "Les atteintes à la probité constituent la pierre angulaire d'une démocratie et ces atteintes, dans un pays en construction, sont d'une particulière gravité", a-t-elle déclaré.
Lundi, dans un volet annexe de l'affaire, l'avocat du fonds souverain libyen (le Libyan African Portfolio, LAP) a demandé à ce que cinq prévenus soient condamnés à verser 12,4 millions d'euros en dommages et intérêts et frais d'avocats.
Les prévenus concernés sont l'ancien patron du LAP Bechir Saleh, l'intermédiaire Alexandre Djouhri, deux hommes d'affaires saoudiens et un banquier franco-djiboutien, soupçonnés d'avoir acheté une villa dans le sud de la France à un prix surévalué, afin de détourner l'argent du LAP.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP