Stéphane Troussel était l'invité de Patrick Roger le 23 avril 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"Le gouvernement devra prendre le sujet du logement à bras le corps"
"Il faut se poser la question des loyers. Il va y avoir des familles qui auront du mal à payer leur loyer. Je propose trois actions en matière de logement. Il faut prolonger la trêve hivernale sur les expulsions. J’ai d’ailleurs écrit un courrier à Julien Denormandie, le ministre du Logement, mais il ne m’a pas répondu là-dessus. Il faut ensuite mettre en place un Fonds national d’aide au paiement des loyers et des charges. Enfin, le gouvernement a baissé les APL depuis trois ans, je réclame qu’il les augmente rapidement et substantiellement. Ces trois actions sont indispensables, sinon je crains des drames pour un certain nombre de familles.
Les bailleurs sociaux ont mis en place un fonds pour la prise en charge des situations compliquées. Mais dans le parc privé c’est plus compliqué. Je sais qu’au niveau des associations nationales représentatives des locataires il y a des initiatives. Ce sujet va devoir être pris à bras le corps par le gouvernement. Même avant le coronavirus on avait d’importants problèmes sociaux dans le département, comme des sans-abris et des familles qui vivent dans un hébergement d’urgence à travers le 115", a déclaré Stéphane Troussel.
"La question de l’alimentation est cruciale pour les familles modestes"
Interrogé sur la déclaration du préfet de Seine-Saint-Denis, qui "craint des émeutes de la faim", Stéphane Troussel a répondu : "pour moi la question n’est pas d’employer un terme comme celui-là mais d’alerter sur les difficultés alimentaires d’une grande partie de notre population. Dès les premiers jours du confinement, les associations caritatives, les assistantes sociales et les maires de Seine-Saint-Denis m’ont dit à quel point la précarité alimentaire pouvait être importante. Les crèches et les collèges ont déstocké ce qu’ils avaient, et quelques jours après nous avons ouvert une cuisine centrale où sont préparés 4.500 repas par jour, que les associations caritatives délivrent aux familles les plus modestes. Ayant démarré à 1.500 repas par jour, cette cuisine est passée à 4.500 repas en quelques jours.
En plus, nous avons instauré une aide pour les collégiens qui payaient le tarif le plus bas à la cantine. À Clichy-sous-Bois, le nombre de bénéficiaires de colis alimentaires est passé de 200 à 700 personnes en une semaine. Du côté de la préfecture, un ticket- services a été mis en place. 9.000 tickets ont déjà été distribués, et je crois savoir que leur nombre devrait doubler. Autant dire que la question de l’alimentation est cruciale pour les familles modestes dans un département comme le nôtre".
"L’école à la maison, ce n’est pas l’école"
Interrogé sur la continuité pédagogique dans son département, Stéphane Troussel a fait savoir : "notre département est très jeune. On compte 350.000 élèves de la maternelle au lycée, soit 20% de la population scolarisée. Contrairement à ce qu’a dit le ministre, l’école à la maison, ce n’est pas l’école, en particulier pour les familles qui n’ont pas la capacité d’accompagnement et d’encadrement".
Sur la question des masques, "pour le moment on attend des consignes de la part du ministère pour savoir si les élèves et les professeurs devront ou non porter des masques. En tout cas, dans l’hypothèse qu’une décision soit prise, j’ai passé une première commande de masques en tissu lavables et réutilisables. Nous serons en capacité de garantir un masque à chaque collégien, ainsi qu’aux 8.000 agents du département".
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