Stéphanie Bataille est une victime collatérale de la pandémie de Covid-19. "Je suis l'ambassadrice de dizaines de milliers de personnes qui sont parties, et de centaines de milliers de familles complètement désœuvrées de la façon dont on s'occupe de nos aînés", déplore la comédienne qui s'est retrouvée malmenée dans l'hôpital où son père a été contaminé par le coronavirus.
Contaminé à l'hôpital
L'histoire commence le 13 décembre, lorsque Étienne Draber, le père de Stéphanie Bataille, est hospitalisé pour une banale pose d'un appareil sur son cœur à l'hôpital de la Salpêtrière. Il est conduit en service cardiologie après avoir été testé comme tous les patients. "Il avait 81 ans, il marchait, il était tout à fait mobile, digne, heureux et avait toute sa mémoire", rapporte la comédienne. Le test s'annonce négatif, et pour cause, "il faisait attention, portait le masque et gardait ses distances", se souvient sa fille.
Si chaque patient entrant à l'hôpital est testé, "ni les infirmiers, ni le personnel soignant n'est testé tous les jours et ne sont pas vaccinés", dénonce-t-elle, souvent par manque "de temps et de moyens". Il est finalement testé négatif et se fait opérer. Une intervention qui "se passe très bien". Il en sort et est placé en soins intensifs dans le service cardiologie. "Le 14, 15, 16, tout va bien", assure Stéphanie Bataille. Mais les premiers signes de dégradation apparaissent le 17 décembre. "Il me demande de lui apporter un baume pour les lèvres gercées, il a des courbatures dans les jambes", raconte-t-elle.
"Vous ne pourrez le voir qu'au dernier moment"
Des premiers symptômes qui n'alertent pas les médecins qui iront jusqu'à diagnostiquer un AVC, le 19 décembre, alors qu'il ne se sentait pas bien du tout. "Le scanner et l'IRM est pourtant bon", affirme sa fille qui regrette que l'on essaye de lui dire "tout et n'importe quoi". Le 24 décembre, son état s'aggrave et un nouveau test lui est enfin demandé. Les résultats tombent deux jours plus tard, lui et douze soignants étaient positifs. À partir du 31, il est transféré en unité Covid, Stéphanie Bataille ne pourra plus voir son père avant "le dernier moment". "Je n'ai pas embrassé mon père depuis mars 2020 et je n'ai jamais pu le réembrasser", s'indigne-t-elle.
Au bout de deux jours, il sort de l'orage cytokinique. "Il va mieux, on n'a pas le droit de le voir, il est séquestré", dénonce la comédienne. À partir du 4 janvier, les rencontres se résument à une trentaine de minutes quotidiennes derrière un écran, sur tablette. "Le 6 janvier, il allait bien, il pouvait se tenir debout", se souvient-elle. Mais son père commence à se sentir seul et demande à ses enfants qu'on le sorte de là. "Je vais crever", prévenait-il. Il entame alors une grève de la faim et repart le 8 au soir en service cardiologie. "Ne supportant pas le masque, il est attaché, nu sur son lit", témoigne Stéphanie Bataille. Il s'éteint finalement le 11 janvier, seul, dans sa chambre d'hôpital, après avoir été déclaré guéri du Covid-19.
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