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Suicide assisté : "c’est au patient de décider, et au médecin de consentir"

Par Jean Baptiste Giraud

Le texte sur le suicide assisté va être présenté en Conseil des ministres le 10 avril 2024. Jonathan Denis, Président de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) en parle sur Sud Radio.

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Le gouvernement va présenter en Conseil des ministres le 10 avril 2024 le projet de loi sur l’aide active à mourir, appelée aussi suicide assisté. Photographie de Mathilde Kaczkowski / Hans Lucas.  (Photo by Mathilde Kaczkowski / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Le gouvernement va présenter ce mercredi 10 avril 2024 en Conseil des ministres son projet sur la fin de vie, sujet qui crispe les tensions dans la société française. Objectif : autoriser potentiellement l’aide active à mourir, appelée aussi "suicide assisté", avec d’importantes conditions restrictives.

 

Suicide assisté : Emmanuel Macron "a dû réaliser que les Français n’avaient plus ce temps-là"

Jonathan Denis, Président de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), Auteur de “Mourir dans la dignité - Plaidoyer pour la dernière des libertés” (Editions Cherche Midi) se félicite de l’arrivée de ce texte en Conseil des ministres "après plus de 40 années de combat". "Le président de la République avait assumé prendre son temps sur ces sujets", rappelle-t-il. Mais "il a dû réaliser que les Français n’avaient plus ce temps-là".

Certains malades, dans l’impossibilité de bénéficier du suicide assisté en France, "franchissaient la frontière", explique Jonathan Denis. L’aide active à mourir est en effet autorisée en Belgique ou encore en Suisse. Et "on se suicidait évidemment chez nous". Toutefois, le président de l'ADMD ne s’attend pas à ce que la loi fasse l’unanimité au Parlement : "il va y avoir aussi, maintenant, le temps long des débats parlementaires". Pas de procédure accélérée pour ce texte et, de fait, potentiellement deux ans de débats avant un vote.

 

"Si on votait le texte en l’état, 20 ans après, Vincent Imbert ne serait pas concerné par la loi"

Le texte prévoit d’importantes conditions pour accéder au suicide assisté, dont des souffrances incurables et importantes ou encore un pronostic engagé à court terme. De plus, le médecin aura toujours le dernier mot. Ce texte "ça va être aux parlementaires de l’améliorer", estime Jonathan Denis qui rappelle toutefois que "les mots ont leur importance". "Quand on parle d’un pronostic engagé à court ou moyen terme, il faut comprendre qu’aucun autre pays au monde n’a employé cette expression-là." Le moyen terme, notamment, ce serait un pronostic engagé entre 6 et 12 mois.

Or, il rappelle l’affaire Vincent Imbert, tétraplégique, ayant demandé à Jacques Chirac le droit de mourir qu’il lui refuse. Il est ensuite aidé dans son suicide par sa mère. Avec ce texte, explique le président de l’ADMD, "si on votait le texte en l’état, 20 ans après, Vincent Imbert ne serait pas concerné par la loi". La raison ? "le pronostic vital n’était peut-être pas engagé". Le texte doit donc être "amélioré pour qu’il puisse servir". "La pire erreur de ce texte ce serait de voir encore des Français partir par exemple en Belgique."

Ailleurs en Europe, "la première condition est l’incurabilité", ce qui n’est pas remis en cause. Et la deuxième, "les souffrances insupportables". Or, une telle définition "replace le patient au cœur de la décision. Et c’est tout l’objet du débat : c’est au patient de décider, et au médecin de consentir".

 

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