Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a critiqué la menace de quitter le pays émise selon lui par le PDG de LVMH Bernard Arnault et assuré qu'aucun patron des magasins E.Leclerc ne ferait "un chantage comme ça", vendredi sur LCI.
"Ce n'est pas forcément positivement impactant d'avoir un des hommes les plus riches de France qui dit: +si ça ne le fait pas, je quitte le pays+", a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur LCI.
Interrogé pour savoir s'il parlait bien de Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui a estimé mardi que le gouvernement mettait en place une "taxe sur le made in France" qui "pousse à la délocalisation", Michel-Edouard Leclerc a répondu par l'affirmative.
Il a ensuite poursuivi: "vous ne m'entendrez jamais dire ça. Je parle à titre personnel mais je pense que tous les chefs d'entreprise des Leclerc, Intermarché, (Coopérative) U, Intersport" (toutes ces enseignes sont composées de chefs d'entreprise indépendants, NDLR), "on est des gens de terroir, on sait d'où on vient et ce qu'on doit à notre pays, il n'y a aucun d'entre nous qui ferions un chantage comme ça".
Mardi, en marge de la présentation des résultats 2024 de LVMH, Bernard Arnault avait comparé la situation en France avec celle aux Etats-Unis, où "les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d'Etats et le président (Trump) encourage ça".
"Quand on revient en France et qu'on voit qu'on s'apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c'est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c'est idéal!", a-t-il dénoncé. "C'est la taxation du made in France."
M. Arnault faisait allusion à la surtaxe d'impôt sur les sociétés prévue, pour les plus grosses, dans le budget actuellement en préparation en France pour l'année 2025. Cette surtaxe devrait rapporter quelque 8 milliards d'euros à l'Etat cette année.
Les enseignes organisées en coopératives comme E.Leclerc, regroupant plusieurs centaines de sociétés indépendantes (magasins ou producteurs agroalimentaires), ne devraient globalement pas être concernées par la surtaxe, chaque entité prise séparément n'atteignant pas le seuil de chiffre d'affaires retenu.
Sur LCI, M. Leclerc a dit "penser" que l'enseigne, comme toutes les entités organisées en coopératives ou mutuelles d'entreprises, "ne verse pas de dividende au niveau national" et n'est "pas concernée par cette mesure". Un avantage qui fait grincer les dents d'autres enseignes du commerce fiscalement intégrées.
"En matière de contribution à la fiscalité francaise, les indépendants contribuent plus que les groupes intégrés", a répondu Michel-Edouard Leclerc, "parce qu'au quotidien nous ne pouvons pas compenser les bénéfices potentiels par les pertes de nos filiales" qui seraient déficitaires.
Michel-Edouard Leclerc a par ailleurs appelé sur LCI les autorités à chercher à "diversifier les sources de financement de la Sécu (la Sécurité sociale, NDLR) et des retraites", en faisant contribuer les activités qui concurrencent le travail, comme "la robotique, la digitalisation, les produits importés à bas coûts".
"Pourquoi, pour répondre à un rétrécissement de la ressource, on s'énerve à faire cotiser plus ou travailler plus et sans plaisir les derniers qui vont cotiser au système, au lieu de changer les bases?", a-t-il demandé, tout en appelant à "préserver notre modèle social" et "à donner aux Francais la capacité à être couverts" sans que ce soit "les seules entreprises qui financent ce projet politique".
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP