Un reportage de Lionel Maillet pour Sud Radio.
Parmi les vingt mesures proposées par Édouard Philippe ce mercredi 7 novembre au sujet de l'immigration, ce sont les quotas restrictifs sur les travailleurs immigrés qui font le plus débat. Le gouvernement va faciliter l’embauche d’étrangers dans les secteurs d’activité qui manquent de main d’œuvre. Mais ne faudrait il pas d’abord régulariser tous les sans papiers qui travaillent déjà en France ? Par définition, il n’y a pas de chiffres mais les dernières estimations évoquent 310 000 sans-papiers sur le territoire français.
700 euros pour un mois de travail au noir, Wesley n’a jamais touché plus dans le BTP. Parfois, c’est même pire explique ce sans papier haïtien.
"Une fois, j'ai travaillé avec un boss qui ne nous a pas payés du tout alors qu'on avait travaillé pendant une semaine. Quand je lui ai demandé de nous payer, il a menacé de nous dénoncer et de déposer plainte." - Wesley, travailleur sans-papier.
La régularisation comme solution
Pour mettre fin à ses abus, il faut d’abord régulariser ces travailleurs avant d’en faire venir d’autres de l’étranger selon Hilaire Nasson qui vient en aide aux réfugiés avec son "association des réfugiés haïtiens".
"Il y a beaucoup de Français qui refusent des travaux comme le ménage, le bâtiment. Ce sont les étrangers qui le font à leur place et ils n'ont pas de papiers. C'est ça le problème." - Hilaire Nasson, président de l'Association des réfugiés haïtiens.
Régulariser, oui. Mais est-ce seulement possible ? Les travailleurs étrangers ont très peu de chances d’avoir des papiers français, poursuit Jacques Blanc de la Cimade, lui qui à l’association d’aide aux étrangers voit passer très peu de ces titres de séjours.
"C'est très compliqué. Il faut obtenir un certificat d'embauche et ça, les employeurs ne veulent pas donner ces documents généralement. Allez demander au MEDEF et aux employeurs de savoir s'ils sont prêts à payer au juste prix ces travailleurs" - Jacques Blanc de la Cimade, président de l'association d'aide aux étrangers.
Le gouvernement attendu sur la question
Ces travaillent la plupart du temps dans le BTP et la restauration. Souvent sous-payés et menacés par leurs employeurs, il faut avant tout régulariser ces gens, estime Pascaline Curtet, la déléguée régionale de la Cimade (l’association d’aide aux étrangers en PACA).
"Nous avons besoin de régulariser des hommes et des femmes qui sont sur notre territoire depuis plusieurs années, plus d'une décennie parfois. Et ils ne rentreront pas dans leur pays car désormais leur pays c'est la France." - Pascaline Curtet, déléguée régionale de la CIMADE.
La formule "quotas d'immigration" n'a de cesse d'être prononcé par le gouvernement qui élude cependant la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers. Choix calculé ou simple négligence, "la régularisation n'est pas mise en débat par le gouvernment Macron et les mesures qui sont faites" comme le rappelle Pascaline Curtet.