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Trois lycéens assignent l'État en justice pour "discrimination raciale"

Par Benjamin Rieth avec AFP

Contrôlés lors d’un voyage scolaire début mars, trois lycéens de Seine-Saint-Denis vont assigner l’État en justice pour "discrimination raciale".

Contrôle au faciès : trois lycéens assignent l'État en justice pour "discrimination raciale"

Début mars, une enseignante d’un lycée d’Epinay-sur-Seine avait raconté comment trois élèves avaient fait l’objet d’un contrôle d’identité à la gare du Nord à Paris au retour d’un voyage scolaire. Elle avait choisi de médiatiser cette affaire en lançant un appel contre "les discriminations en sorties scolaires" alors que le commissariat avait refusé d'enregistrer sa plainte.

Un mois plus tard, Mamadou, Ilyas et Zakazi, les trois élèves contrôlés, ont décidé d’assigner l’État en justice, a annoncé leur avocat. "Nous allons engager la responsabilité civile de l'État pour des faits de discrimination raciale. Nous entendons obtenir qu'il soit condamné comme il l'a été en novembre par la Cour de cassation", a expliqué Slim Ben Achour. Les trois jeunes devraient également saisir le Défenseur des droits.  

Le 9 novembre dernier, la Cour de cassation avait condamné l'État pour "faute lourde". La haute juridiction avait alors indiqué qu'il revenait désormais à l'administration de faire la démonstration qu'il n'y avait pas eu traitement discriminatoire et non aux citoyens de prouver l'inverse. 

Mamadou, l’un des trois élèves à assigner l’État en justice, a expliqué vouloir se battre "pour que dans dix ou quinze ans, ses enfants ne vivent pas la même chose", déçu de constater que les "choses n'avaient pas avancé" depuis 20 ans. "Je ne suis pas le seul à vivre ça", a dénoncé l’adolescent, "en France, il y en a des milliers, des millions, qui se font contrôlés parce qu’ils sont d’origine maghrébine, d’origine noire ou d’origine asiatique".

Il lance donc un appel : "Ne vous laissez pas faire, révoltez vous. Ne vous dites jamais : 'c’est normal qu’on me contrôle parce que je suis d’origine asiatique, africaine, ou maghrébine' [...] C’est un combat long mais on ne va rien lâcher".

Lors de la conférence de presse pour annoncer cette action en justice, Mamadou est revenu sur son contrôle d’identité. Il a confié avoir été "choqué" d’être contrôlé en présence de son enseignante qui "représente l’État elle aussi". "Un dialogue devrait être possible", a-t-il ajouté. 

Évoquant la récente "affaire Théo", l’adolescent a regretté que la relation entre les jeunes et la police tourne systématiquement à "l'affrontement". "Moi et mes camarades, c'est pas ce qu'on veut", a-t-il assuré, reconnaissant en outre qu'il "ne faut pas mettre tous les policiers dans le même sac car il y a des policiers qui font très bien leur travail"

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