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Un acquittement et jusqu'à 20 ans de réclusion au procès de la boucherie "conspirative" de Brest

Ils envisageaient un départ sur zone irako-syrienne ou de commettre des attentats d'inspiration jihadiste sur le sol français. Mais la cour d'assises de Paris n'a pas été entièrement convaincue, acquittant vendredi un des six hommes jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste.

LOIC VENANCE - AFP/Archives

Ils envisageaient un départ sur zone irako-syrienne ou de commettre des attentats d'inspiration jihadiste sur le sol français. Mais la cour d'assises de Paris n'a pas été entièrement convaincue, acquittant vendredi un des six hommes jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste.

Les cinq autres mis en cause ont été condamnés à des peines allant de 7 ans d'emprisonnement à 20 ans de réclusion criminelle, sensiblement moins que ce que réclamait le parquet.

Le principal accusé, Mohamad Darwish, 39 ans, un réfugié palestinien né en Syrie, soupçonné d'avoir combattu dans les rangs du groupe jihadiste État islamique (EI) entre mars et l'automne 2014, a été condamné de 20 ans de réclusion assortis d'une période de sûreté des deux tiers et de l'interdiction définitive du territoire français à l'issue de sa peine.

Le parquet avait requis 25 ans de réclusion à son encontre.

Selon l'accusation, son "aura" d'ancien combattant jihadiste avait "galvanisé et donné des ailes" à ses compagnons présents sur le banc des accusés.

Arrivé en France à l'automne 2015 dans le cadre d'un programme d'accueil des réfugiés - il a perdu ce statut depuis -, il aurait combattu dans la katiba (brigade) Al-Mouhajirine où a transité notamment Abdelhamid Abaaoud, le chef des commandos des attentats du 13-Novembre.

Selon une magistrate du Parquet national antiterroriste (Pnat), M. Darwish aurait notamment participé à "la bataille de Mossoul" en juin 2014.

L'acquittement concerne Marwan Tahmed, 37 ans, qui, comme les autres accusés, a déjà effectué plus de cinq ans de détention provisoire. Le parquet avait requis huit ans de prison à son encontre.

"La situation (de M. Tahmed) est difficile à appréhender", avait concédé mercredi une des avocates générales du Pnat tout en estimant qu'"il ne pouvait pas ignorer les velléités des autres accusés".

Or, a relevé son avocat, Me Raphaël Kempf, aucun projet d'attentat n'a été évoqué devant lui dans la boucherie "conspirative" de Brest.

Les six accusés, âgés de 21 à 39 ans, étaient tous poursuivis pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste", une nébuleuse juridique dénoncée à l'audience par les avocats de la défense qui ont critiqué les contours flous de cette infraction.

- "C'est à cause de moi" -

Un des accusés, "Mehdi" (prénom modifié), né en novembre 2003, avait à peine 16 ans au moment des faits.

La cour l'a reconnu coupable et condamné à 7 ans de prison assortis de 5 années de suivi socio-judiciaire.

Le gérant de la boucherie, Wahid Bouraya a été condamné à 11 ans d'emprisonnement assortis d'une période de sûreté des deux tiers et à l'obligation d'un suivi socio-judiciaire de 5 ans.

L'affaire qui a conduit les six accusés devant la cour d'assises repose sur des écoutes faites par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans la boucherie de M. Bouraya entre novembre 2019 et janvier 2020.

Ce n'est qu'à l'audience que les avocats et la cour ont pu avoir accès à l'intégralité des sonorisations (1.500 heures d'écoutes). Avant le procès, ils avaient dû se contenter des maigres extraits (40 à 50 conversations incriminantes sur les près de 5.700 enregistrées) distillés par l'accusation.

Selon le parquet, les six hommes, jamais réunis tous ensemble dans la boucherie, auraient projeté des actions violentes ou envisagé des départs en zone irako-syrienne.

Mais au fil de l'audience, les projets d'attentats retenus initialement par l'accusation (rade de Brest, stade brestois, attaque d'un village isolé...) ou de recherches d'armes ont considérablement fondu. Il ne restait plus à l'issue des débats qu'un vague projet d'attentat durant le Nouvel An chinois à Paris ou Brest mais aucun plan d'action, aucune arme n'ont pu soutenir cette hypothèse.

Christopher de Sousa Neves, 36 ans, converti à l'islam radical, a été condamné à dix ans de prison assortis d'une période de sûreté des deux tiers. Le sixième accusé, Erwan Miry, 33 ans, a été condamné à neuf ans de prison sans période de sûreté.

Beaucoup des accusations reposaient sur les aveux de "Mehdi", le plus bavard des accusés durant sa garde à vue. Les larmes aux yeux, le jeune homme aujourd'hui âgé de 21 ans s'est excusé vendredi auprès de ses co-accusés.

"C'est à cause de moi que vous vous retrouvez" dans le box des accusés, "je regrette", a-t-il dit.

Par Alain JEAN-ROBERT / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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