Le corps d'un adolescent de 14 ans a été découvert jeudi dans la maison familiale d'Alénya (Pyrénées-Orientales) après que son beau-père, principal suspect dans cette affaire, et sa mère ont été interpellés dans le Val-d'Oise où ils avaient fui, a annoncé vendredi le parquet de Perpignan.
L'affaire a débuté par les révélations d'un ami du beau-père, venu au commissariat d'Argenteuil pour rapporter que l'homme de 42 ans lui avait confié "avoir +fumé+ son beau-fils", a précisé le parquet dans un communiqué.
Les policiers ont alors alerté les gendarmes qui se sont rendus au domicile du couple à Alénya, ville située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Perpignan où ils ont découvert le corps du garçon prénommé Emilio, selon plusieurs sources.
"La levée de corps révélait un décès remontant à plusieurs jours et la présence de multiples traces de violence", a ajouté le procureur de la République de Perpignan Jean-David Cavaillé, dans son communiqué.
Le parquet de Perpignan a ouvert une enquête pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans et confié les investigations aux gendarmes de la section de recherches de Montpellier et à la brigade de recherches de Perpignan.
Le maire PCF d'Alénya, Jean-André Magdalou, a évoqué "des violences intra-familiales".
- Le suspect hospitalisé -
Le couple était arrivé depuis peu "dans ce lotissement tranquille d'une commune tranquille" des Pyrénées-Orientales, avec Emilio, qui venait de faire sa rentrée au lycée Bourquin d'Argelès-sur-mer, et sa petite soeur de neuf ans, scolarisée après la rentrée au sein de l'école d'Alénya, a précisé l'édile.
L'élu a déclaré à l'AFP que "l'homicide a été reconnu" par le beau-père de la victime, originaire de Cergy-Pontoise, où il a tenté de fuir.
Ce dernier, "déjà condamné pour violences et infractions à la législation sur les stupéfiants, était hospitalisé à la suite d'une absorption médicamenteuse avant l'arrivée des enquêteurs", ajoute le procureur.
De son côté, la mère, "jamais condamnée", a été "placée en garde à vue à Argenteuil" dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la même source. Elle était assistante maternelle dans la commune voisine de Saint-Cyprien, en bord de mer.
Le parquet a précisé que la famille était "connue pour des procédures en lien avec une séparation conflictuelle du couple parental".
- "Beaucoup de colère" -
"Il y a beaucoup de colère et d'indignation face à ce déferlement de violence qui a manifestement causé la mort du jeune Emilio, c'est un choc pour tout le monde", a souligné M. Magdalou, appelant "à la retenue et la décence" pour la victime et "sa petite sœur qui a besoin de se reconstruire".
"Ce sont des enfants qui ont eu une vie difficile", a ajouté le maire de la commune d'un peu plus de 3.700 habitants.
Le père du garçon tué, domicilié dans la commune voisine de Théza, a confié au quotidien régional L'Indépendant, qui a révélé l'affaire, avoir eu "des soupçons de maltraitance" sur son fils et avoir "fait un signalement il y a quelques années".
Vendredi, des scellés étaient apposés sur la porte d'entrée vitrée du logement couleur sable où l'adolescent a trouvé la mort, a constaté un photographe de l'AFP.
Devant le portail blanc à l'entrée du pavillon d'un lotissement calme d'Alénya, deux jeunes femmes sont venues déposer une fleur.
"Je trouvais ça important car c'est une petite commune, on se connaît tous, c'était normal de venir faire un petit geste en sa mémoire", a déclaré l'une d'elle sous couvert d'anonymat, qui a connu le garçon en tant que surveillante au collège de Saint-Cyprien.
"Il était très bien entouré et avait de bonnes fréquentations, c'est très perturbant et touchant", a-t-elle ajouté, accompagnée d'une des camarades du jeune Emilio qui l'avait aussi connu au collège.
La petite soeur de l'adolescent se trouvait en région parisienne avec le couple, lors de l'interpellation du beau-père et de la mère, selon L'Indépendant.
"Je sais que la petite a été placée à l'aide sociale à l'enfance", a précisé le maire.
Par Idriss BIGOU avec François BENEYTOU à Toulouse / Alénya (France) (AFP) / © 2024 AFP