single.php

Un ancien "parrain" de la mafia grenobloise tué sur une autoroute près de Grenoble

Dix ans après la mystérieuse disparition de son frère Robert, Jean-Pierre Maldera, l'un des "parrains" de la mafia italo-grenobloise des années 80, a été tué mercredi à la vue de tous sur une autoroute près de Grenoble, et les auteurs de la fusillade sont en fuite.

Olivier CHASSIGNOLE - AFP

Dix ans après la mystérieuse disparition de son frère Robert, Jean-Pierre Maldera, l'un des "parrains" de la mafia italo-grenobloise des années 80, a été tué mercredi à la vue de tous sur une autoroute près de Grenoble, et les auteurs de la fusillade sont en fuite.

L'homme, âgé de 71 ans, circulait sur l'autoroute A41 entre Chambéry et Grenoble, seul au volant de sa voiture BMW, lorsqu'il a été pris pour cible vers 10H30, près de la sortie vers la commune de Domène (10 km de Grenoble), par les occupants d'un autre véhicule qui le suivait.

Jean-Pierre Maldera a d'abord "été visé par des tirs de kalachnikov, dont au moins un l’aurait atteint au niveau du coude", a précisé le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy, dans un communiqué.

L'homme "aurait alors stoppé son véhicule sur la chaussée et serait descendu. Le véhicule agresseur a fait demi-tour, a emprunté l’autoroute à contre-sens pour venir le percuter violemment. Le corps a été projeté et retrouvé sur la voie opposée de l’autoroute", détaille le procureur.

"La plaie par arme à feu ne serait pas mortelle et la cause de la mort (...) serait plutôt due au choc avec le véhicule ou la chute sur la chaussée", a-t-il ajouté, précisant qu'une arme de poing a été retrouvée "à proximité" du corps de Jean-Pierre Maldera.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré une BMW blanche arrêtée en plein milieu de l'autoroute, la vitre conducteur brisée.

Le ou les assaillants ont pris la fuite, et leur véhicule, une Mégane RS volée, a été retrouvé incendié peu après les faits, à quelques kilomètres, sur un parking isolé près d'un petit stade, à la limite entre Grenoble et la commune de Saint-Martin-d'Hères, selon le procureur.

La préfète de l'Isère Catherine Séguin a condamné sur X "cet acte criminel, d'une violence inouïe, perpétré de surcroît sur une autoroute, en pleine journée, mettant en danger grave et immédiat des dizaines d'automobilistes".

La circulation sur l'A41 a été un moment interrompue dans un sens et perturbée dans l'autre.

L'enquête pour "meurtre en bande organisée" est désormais supervisée par la Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée (Jirs) de Lyon, selon M. Touret de Coucy, qui n'avance par ailleurs aucun mobile.

En revanche, la préfète de l'Isère semble relier le meurtre au trafic de stupéfiants: "La guerre contre le fléau du narcotrafic sera longue et difficile. Mais nous la gagnerons", a-t-elle écrit, alors que Grenoble et sa banlieue sont particulièrement touchées par le trafic de drogues, avec des violences récurrentes par armes à feu.

- "Clan Maldera" -

Né le 15 mai 1953, Jean-Pierre Maldera et son frère cadet, Robert Maldera, ont été considérés comme les "parrains" du grand banditisme italo-grenoblois des années 80, ayant longtemps régné en maître sur la capitale des Alpes.

Lorsqu'ils étaient plus jeunes, ils faisaient partie du "clan Maldera", une famille de gangsters dont de nombreux membres ont été incarcérés pour des activités de racket, hold up et proxénétisme. Au début des années 1980, avait été retrouvée chez le père de la fratrie, Joseph Maldera, la "caisse d'épargne" de la famille: près d'un million de francs en bons du Trésor.

Connu pour avoir trempé dans des affaires de proxénétisme, racket, attaque à main armée, Jean-Pierre Maldera avait un casier judiciaire avec "huit" condamnations prononcées entre 1978 et 1999, selon le procureur adjoint de Grenoble.

L'homme, qui a notamment été condamné par la cour d’assises de l’Isère en 1986 à 15 ans de réclusion criminelle pour un vol à main armée, n'avait pas fait parler de lui depuis plus de vingt ans.

En 2004, les deux frères avaient été écroués dans une affaire de grand banditisme (association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, extorsion de fonds, proxénétisme...), mais ils avaient été libérés en 2005 à la suite d'un vice de forme qui avait conduit à l'annulation de l'ensemble de la procédure.

Robert Maldera, surnommé "il pazzo" (le fou, en italien), a lui mystérieusement disparu en 2015 à 55 ans. Après s'être rendu à un rendez-vous à Saint-Martin-d'Hères avec un artisan, il n'avait plus donné signe de vie, et sa voiture avait été retrouvée deux mois plus tard sur un parking de cette commune.

"On a de bonnes raisons de penser qu'il a été tué", avait estimé en 2015 le procureur de la République à Grenoble à l'époque.

Par Bertille LAGORCE / Grenoble (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
22H
20H
19H
18H
17H
16H
15H
14H
13H
12H
Revenir
au direct

À Suivre
/