"Un député a un devoir d'exemplarité": le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat à "tirer les conséquences de ses actes" après que le parlementaire a reconnu mardi avoir été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants.
"Il n'est pas tolérable de voir un député de la République acheter des drogues de synthèse à un dealer de rue. Un député a un devoir d'exemplarité. Andy Kerbrat doit tirer les conséquences de ses actes", a lancé le ministre sur son compte X.
Quelques heures plus tôt, Andy Kerbrat avait admis sur le même réseau social avoir été contrôlé le 17 octobre "en possession de stupéfiants". Selon le parquet de Paris, sollicité par l'AFP, confirmant des informations de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, "les policiers ont constaté un échange entre deux individus faisant penser à une transaction de stupéfiants".
Lors du contrôle, les policiers ont trouvé 1,35 g de 3-MMC, une drogue de synthèse en plein essor en France, sur M. Kerbrat, tandis que le vendeur, un adolescent, avait 1 g de 3-MMC et 200 euros, selon la même source.
M. Kerbrat est poursuivi pour usage de stupéfiants et convoqué pour notification d'une ordonnance pénale.
Le vendeur, mineur, a été placé en détention provisoire dans l'attente d'une audience unique au tribunal pour enfants (TPE). Selon le parquet, il est "déjà connu pour une dizaine de faits et condamné début octobre pour des faits de trafic de stupéfiants à une peine de quatre mois avec sursis probatoire, sous le coup duquel il se trouvait donc" lors du contrôle.
Andy Kerbrat, qui a également annoncé entamer un "protocole de soins", n'a pas été mis en garde en vue mais entendu le lendemain au commissariat en audition libre. Il dit se mettre "à disposition de la justice" qui va le convoquer "dans le cadre d'une ordonnance pénale", ajoutant qu'il "se battra contre son addiction" et va "suivre un protocole de soins" afin de pouvoir reprendre son activité parlementaire.
- Une drogue en plein essor -
Plusieurs personnalités de gauche ont apporté leur soutien au député âgé de 34 ans, au premier de rang desquelles le fondateur de LFI, Jean-Luc Mélénchon, qui a présenté à l'élu son "soutien très amical dans cette lutte" contre l'addiction.
"Le député Andy Kerbrat a acheté un produit illégal. Il a reconnu le fait et présenté des excuses à notre mouvement et aux électeurs de sa circonscription", a-t-il également écrit, en ajoutant que l'intéressé "n'a commis de dommages que sur lui-même".
"Tu as reconnu, tu es dans un parcours de soin, reviens-nous en forme", a pour sa part déclaré la députée de Paris Sandrine Rousseau, pour qui "la consommation de drogue et l'addiction sont un enjeu de soin, de santé psychique et d'accompagnement".
La sénatrice écologiste Mélanie Vogel a souhaité "bon courage dans le chemin de soin" emprunté par Andy Kerbrat et regretté que la politique française soit "focalisée sur la répression plutôt que sur l'essentiel: le soin".
De son côté, le médecin et sénateur socialiste de Paris Bernard Jomier rappelle que "les addictions touchent toute la société, parlementaires et ministres inclus".
Le député du Rassemblement national Laurent Jacobelli a lui ironisé, demandant pourquoi le député "ne s'est-il pas fourni chez son collègue Louis Boyard", faisant référence au fait que ce dernier avait reconnu en 2021 avoir vendu de la drogue lorsqu'il était plus jeune pour financer ses études.
La 3-MMC est en plein essor en France, notamment dans les milieux festifs, prise comme une cocaïne à moitié prix.
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