Reportage à Caixon de Christine Bouillot
En pleine période de champignon à Caixon, c'était un peu le far west. Il faut dire qu’à 25€ le kilo de cèpes, la forêt possède un trésor, explique Michel Bibaubayle président de l'association des produits forestiers: "Vous aviez les champignons qui poussent jusque sur le bord des fossés. Les voitures étaient garées partout, sur ces grands espaces."
Les anciens qui essayaient de rentrer se faisaient - employons le mot - éjecter de leur bois !"
"Un monsieur arrivait avec un bâton pour me prendre le champignon"
Pour un simple champignon, la balade en foret devenait dangereuse, se souvient Evelyne. "J'ai eu l'occasion d'y aller, d'être agressée par un monsieur. J'ai eu très très peur. Avec le bâton, il arrivait. Dès que je me baissais pour prendre le champignon, je l'avais derrière, il me prenait le champignon..." Pour mettre un terme à toutes les incivilités, les propriétaires se sont regroupés pour mettre en place un droit de cueillette avec l’accord de la préfecture. Cinq kilos par jour et par personnes . "Je donne souvent à titre d'exemple: vous avez un jardin, la porte est ouverte. Est-ce que vous allez ramasser les tomates? Non. Eh bien le vois, c'est exactement pareil !"
Circuit de champignons
L'association rémunère des gardes privés assermentés, comme Didier Terrail: "Si chacun en avait juste pour sa collecte, sa petite omelette, il n'y aurait pas de problème. Le tout, c'est que les gens vont chez les autres, les cueillir pour les vendre. C'est ça qui a fait cette crise du champignon." Les contrevenants sont verbalisés et appelés à comparaitre ensuite devant le tribunal de police. La récolte de cèpes est alors confisquée et redistribuée à tous les anciens du village.
"Des gens pour qui c'est un salaire. Deux ou trois mois de travail en ramassant des champignons. C'est gênant. Ils ramassent gratuitement, ils vont les vendre à des privés ou des restaurateurs ou des collecteurs etc. Cela alimente un faux circuit de vente avec des violences, des incivilités. C'est dommage, cela oblige les citoyens comme nous à nous protéger." - Michel Bibaubayle, propriétaire forestier à l'origine de ce pass cueillette