Reportage Sud Radio de Grâce Leplat
"Est-ce que le critère de soin que j'ai réussi à mettre en oeuvre était à la hauteur de l'enjeu? Est-ce que on n'a pas été insuffisants?"
Ces questions, Laurent Heyer, anesthésiste réanimateur à Lyon, se les pose tous les jours: "Faut savoir qu'avec le confinement, les patients décédés sont décédés tout seuls. C'est un poids psychologique que vont supporter les proches, mais c'est un poids psychologique que portent aussi les soignants".
"Beaucoup doutent"
Avec la crise, l’hôpital a dû se réorganiser en vitesse. Reste une nécessité : maintenir la qualité des soins. "C'est une démarche qui nous préoccupe en permanence. Dans cette situation de crise où tout s'est précipité, et dans laquelle il a souvent fallu gérer la pénurie, beaucoup doutent".
Depuis quelques jours la pression diminue, il y a trois fois moins d’admission en réanimation que fin mars. Mais le combat est loin d’être terminé:
"On a moins de pression pour savoir si on aura assez de lits, mais on est quand-même sur des tensions à 80% de remplissage. Moi, je suis en bout de lignes, en soins critiques, les situations les plus graves. Personne ne se repose. Les patients sont là, encore en réanimation, il faut s'en occuper".
Laurent se prépare à la deuxième vague: seul 6% de la population française aura été infectée le 11 mai. C’est très loin des 70% nécessaires à une immunité de groupe.