Ce sont les plus belles pièces. Deux défenses d'éléphant d'Afrique de près de 2m40 de haut saisies par les services spécialisés du policier Éric Ancenne et détruites car acquises illégalement. "Ces deux défenses-là étaient vendues à 220 000 euros. C’est impressionnant, mais l’objectif pour effondrer le marché, c’est que le prix du l’ivoire ne vaille plus rien", explique-t-il. Non loin de là, disposées sur les tables, des centaines de sculptures blanches sont alignées sous les yeux souligne d’Olivier Thibaut, directeur général de l'Office national de la faune sauvage. "Ces objets sont de très beaux objets, on a envie d’en avoir. Mais il faut comprendre qu’acheter des objets comme ça met en péril la population d’éléphants", rappelle-t-il.
Derrière les armes, la drogue et la traite humaine, le trafic d’ivoire est aujourd’hui en pleine expansion. Partant du Congo jusqu'aux réserves du Botswana pour aller jusqu’en Chine en passant par les anciennes puissances coloniales (France et Royaume-Uni), ce trafic est notamment des prisés des malfaiteurs en tous genres. "Les réseaux criminels organisés se sont positionnés sur cette forme de criminalité parce que les risques encourus sont quasiment nuls ! Pendant très longtemps, lutter contre le trafic d’espèces sauvages n’a jamais été une priorité des États", souligne Céline Sissler-Bienvenu, directrice France de l'ONG Ifaw.
De son côté, Olivier Thibaut espère que cette destruction massive d’objets illégaux à base d’ivoire enverra un signal aux braconniers, aux revendeurs mais aussi aux particuliers. "C’est un véritable scandale écologique. Malheureusement, on voit aujourd’hui que le marché continue d’exploser au niveau international, et notamment entre l’Afrique et l’Asie. La Chine a pris des mesures récentes pour interdire le marché. Nous verrons bien comment tout cela se met en œuvre, mais je crois qu’il faut un peu de marteau-thérapie sur ce genre de sujets. Acheter des objets comme ça est un risque pour soi-même, et surtout, il faut se rappeler qu’il y a eu 20 000 éléphants braconnés l’année dernière ! Ça ne compense pas les naissances d’éléphants, donc oui, ça met en danger la population d’éléphants dans le monde", martèle-t-il.
Un reportage de Stéphane Burgatt