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"Une catastrophe". Rayons bondés, bouchons, achats en lignes, vie sociale en berne: réactions mitigées au couvre-feu à 18h

Couvre feu à 18h pour tous: pas de France à deux vitesses, cette fois c’est tout le pays qui passe au couvre feu de 18h à 6h du matin dès samedi. Et ce au moins pour quinze jours. Une mesure qui était déjà appliquée dans 25 départements dont les Bouches-du Rhône-depuis dimanche dernier. 

Strasbourg sous couvre-feu. (Frederick FLORIN / AFP)
Reportage à La Ciotat de Lionel Maillet

 

 

Bien avant 18h, les rues sont déjà quasi désertes et ce n’est pas qu’à cause du mistral et du froid, explique cette commerçante du centre ville: "Catastrophique ! Je pense que les gens ont l'impression d'être confinés, et pas juste sous couvre-feu. On ne voit personne, et ça nous fait quand-même une heure voire une heure et demi de chiffre !" Et environ 15% de pertes, malgré les livraisons à domicile en soirée pour cette fromagère qui ne comprend toujours pas l’intérêt de ce couvre feu avancé:

"Je trouve que ça ne sert strictement à rien, vous avez des bouchons de partout, tout le monde rentre à la même heure à la maison. C'est une catastrophe ! C'est pas bon pour le moral, pour tout le monde !"

"On n'a plus de vie"

C’est justement ce qui revient en boucle ici à la Ciotat: cette vie qui s’arrête à 18h depuis cinq jours en irrite plus d’un: "On est tous sur les nerfs, on n'est pas bien. C'est mort, on n'a plus de vie, on n'a plus rien. On part le matin, on travaille, on rentre... Plus de vie sociale. Et quand on se retrouve le soir à la maison encore plus tôt que d'habitude, ça crée des tensions !" Du coup, il n'y a pas grand monde pour défendre les mesures du gouvernement même si le président des commerçants n’en veut à personne: "à part un couvre-feu à 18h ou re-confiner, est-ce qu'il y a une vraie solution? Quand on voit que les pays à côté re-confinent tout, que faire?" Pour ce qui est du premier bilan sanitaire dans les Bouches-du-Rhône, il faudra encore attendre au moins jusqu'à la semaine prochaine pour véritablement mesurer l’impact de ce couvre feu à 18h.

 

"Il y a beaucoup beaucoup plus de monde sur une plus petite plage horaire. Pour moi, c'est n'importe quoi" - Marina, caissière

Tout le monde se rue en même temps dans les grandes surfaces explique Marina qui travaille au Carrefour le Merlan à Marseille où le couvre feu à 18h est en place depuis le début de semaine

 

Côté commerces, "on est déjà passés de 800 à 300 clients"

Reportage à Toulouse de Christine Bouillot

 

Depuis que le couvre-feu est à 20h, Max qui tient un bureau de tabac de nuit a perdu la moitié de sa clientèle. Alors avec un couvre-feu à 18h, la situation ne peut que s'aggraver: "Avant, on pouvait aller jusqu'à 800 clients pas jour. Maintenant, c'est même pas 300". Ce nouveau couvre-feu s'avère aussi un coup dur pour cette supérette de centre-ville: "On ferme déjà à 22h normalement. On a donc réduit nos horaires, on ouvre plus tôt pour que tout le monde puisse encore travailler, donc on ferme à 20h au lieu de 22h, et on ouvre à 7h au lieu de 8h. On a vraiment un rush à cette heure-ci, parfois on fait un tiers de notre chiffre d'affaires de la journée de 18 à 20. Si on doit fermer à 18h, ça va commencer à poser problème au niveau de l'emploi. Si on réduit les heures d'ouverture, on va forcément réduire les horaires de travail..." Eric, qui tient un magasin de vélo, va devoir réorganiser ses horaires d'ouverture: "si c'est 6h [du soir] pétantes chez nous, faudra fermer à 5h". Fermer à 17h au lieu de 19h, calcule t-il, "ça fait deux heures de moins, soit 10h à la semaine, une journée complète en moins. Soit on va le faire le lundi, soit ça va être compliqué de satisfaire tout le monde". Se réorganiser, pour tous ces commerces,  c'est la seule possibilité pour tenter d'encaisser ces nouvelles restrictions.

"Les gens viennent chercher leur vélo après le travail... Hier, j'ai fait la moitié de ma journée entre 17 et 18h" - Eric Fontaine, gérant d'un magasin de cycle à Toulouse 

 

Des courses désormais par internet

Pour beaucoup, il va devenir impossible de faire du shopping ou des courses à la dernière minute après le travail: place aux courses par internet !

Reportage en région parisienne de Grâce Leplat

 

Louise et Alice sont étudiantes et, à cause des cours en distanciel, elles ne se voient plus beaucoup. Pour se voir un peu malgré tout, elles vont "devoir s'assoir un peu dehors, dans le froid, dans la journée".  Du temps pris sur les études, mais c’est nécessaire pour ces deux amies. Le couvre-feu à 18h, va leur compliquer la vie: "C'est vers 18h que je sors généralement. Donc il n'y a plus possibilité de sociabiliser, de rencontrer de nouvelles personnes... Même pour la vie amoureuse, c'est catastrophique, ça atteint vraiment le moral"

"Dans la logique de l'Etat, ça fait vraiment: travaille, consomme et tais-toi"

 

Un étudiant sur trois et 51% des salariés français sont dores et déjà en détresse psychologique. Martine travaille toute la journée, alors ce couvre-feu à 18h, c’est un nouveau coup dur: "cela demande plus d'organisation, on est obligés de partir sur la livraison. Le grand gagnant de toute cette situation, et ça n'est pas un scoop: c'est le web !" Elle fait du sport chez elle via internet, se fait livrer ses courses et n’achète plus qu’en ligne, ce que se refuse de faire Elodie: elle ne comprend pas bien ce nouveau couvre-feu: "ça va agglutiner les gens entre 17h et 18h." Pour réguler les flux, les jauges dans les grands magasins devraient aussi être réduites.

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