Une grenade lancée dans un bar d'un quartier sensible de Grenoble a fait une douzaine de blessés dont au moins deux graves, mercredi soir, la piste terroriste étant pour l'instant écartée.
"Une personne est rentrée, a lancé une grenade, n'a pas prononcé de mot, semble-t-il, et ensuite a pris la fuite", a déclaré à la presse le procureur François Touret de Coucy, présent sur place.
L'explosion est survenue vers 20H15 dans le quartier du Village olympique, classé prioritaire de la politique de la ville et situé dans le sud de Grenoble.
"Aucune hypothèse n'est privilégiée à ce stade", a ajouté M. Touret de Coucy. L'enquête est confiée aux policiers de la DCOS, ex-PJ.
![Les secours interviennent à proximité du lieu d'une explosion dans un bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/9423bcac474bc6cbce024bde87e9e78e8eeb0f7a.jpg)
Les secours interviennent à proximité du lieu d'une explosion dans un bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025
Maxime GRUSS - AFP
Mais "on peut exclure l'attentat purement terroriste, puisqu'il n'y a rien qui nous permet de penser que c'est lié à du terrorisme", a dit le magistrat, évoquant "un acte de violence extrême" qui "peut être lié à un règlement de compte, d'une manière ou d'une autre".
Un lien avec le trafic de stupéfiants est l'une des hypothèses explorées parmi d'autres, a indiqué le procureur.
"Cette personne aurait été armée aussi d'une kalachnikov, mais ça reste à déterminer. Il n'est pas certain que cette kalachnikov ait été utilisée. A priori, les dégâts ont été causés par l'éclatement de la grenade", a-t-il expliqué.
"Beaucoup de clients" étaient présents au moment de l'explosion, selon lui.
- Plan blanc déclenché -
Le bilan, encore provisoire, faisait état de 12 personnes prises en charge par les secours, toujours présents sur place en milieu de nuit. De son côté la police scientifique effectuait de nombreux relevés.
Le procureur a fait état de deux personnes grièvement blessées, sans que leur pronostic vital ne soit "forcément" engagé. La préfète de l'Isère Catherine Séguin, également sur place, a annoncé de son côté six blessés graves, avec un bilan susceptible d'évoluer.
La préfète a adressé "un message de compassion pour les victimes et leurs proches" et salué "le sang froid dont a fait preuve la population de ce quartier".
Au plus fort de l'intervention des secours, 80 sapeurs-pompiers étaient présents.
"C'est un acte d'une lâcheté inouïe, qui n'a pas sa place dans notre République. L'Etat ne tolérera pas de tels actes", a déclaré Mme Séguin.
"Tout est mis en œuvre pour retrouver" le suspect, a assuré François Touret de Coucy.
![Le maire de Grenoble, Eric Piolle, s'adresse à la presse près du bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/30abd536e31a2ee067ff2c2ad1b6fbaf4f8b6fef.jpg)
Le maire de Grenoble, Eric Piolle, s'adresse à la presse près du bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025
Maxime GRUSS - AFP
L'hôpital de Grenoble a déclenché son plan blanc pour soigner les blessés, a précisé le maire écologiste de la ville Eric Piolle.
Le maire Eric Piolle, qui a condamné sur X "avec la plus grande fermeté (un) acte criminel d'une violence inouïe".
"Nous vivons une période d'escalade de violence, à la fois dans sa localisation, dans sa temporalité, souvent en pleine journée", a observé l'édile qui s'est aussi rendu sur les lieux, sans vouloir faire de lien avec "d'autres événements", dans l'attente des résultats de l'enquête.
Les épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue sont fréquents sur le territoire de Grenoble et sa banlieue, les autorités n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs".
Le bar associatif visé est "un lieu de rassemblement des personnes du quartier et de l'extérieur, et surtout pour regarder des matchs de foot", a expliqué à l'AFP Chloé Pantel, maire adjointe du secteur 6 de Grenoble, présente sur les lieux du drame.
"Ce n'était pas un bar qui était censé soulever d'inquiétudes particulières", a déclaré de son côté M. Touret de Coucy.
Environ trois heures après les faits, "on attend que les derniers blessés, les moins graves, puissent être orientés vers les hôpitaux", explique Chloé Pantel. "Les forces de police vont rester présentes sur le quartier pendant un moment", a-t-elle précisé.
Les CRS ont été déployés "pour sécuriser le quartier", a précisé Catherine Séguin sur X.
Le ministre de la Santé Yannick Neuder doit se rendre jeudi matin au CHU de Grenoble "au chevet des victimes et des soignants mobilisés" après l'explosion, a indiqué mercredi soir la préfecture de l'Isère.
Hasard du calendrier, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, effectue lui vendredi un déplacement à Grenoble sur le thème de la sécurité du quotidien.
Par Amélie HERENSTEIN / Grenoble (AFP) / © 2025 AFP