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Vaccination, Pass sanitaire... Est-on plus frondeur au Sud qu’au Nord ?

Vaccination, Pass sanitaire... Est-on plus frondeur au Sud qu’au Nord ? Frédéric Pierru, chercheur en sciences sociales et politiques au CNRS, Agnès Firmin Le Bodo, Députée Agir de Seine-Maritime et pharmacienne, et Alain Castang, président de l’Association des maires ruraux de Dordogne, maire de Rouffignac-de-Sigoulès, étaient les invités du débat du jour le 13 août à 9h10 sur l’antenne de Sud Radio.

"On commence à mieux comprendre les réticences vaccinales"

Que ce soit la carte des vaccinations ou celle des mobilisations contre le Pass sanitaire, les différences entre les régions sont frappantes. Le nord semble plus vacciné et moins réticent que le sud de la France. "Ce n’est pas si étonnant que cela, estime Frédéric Pierru, chercheur en sciences sociales et politique au CNRS. Je salue l’enquête d’Emmanuel Vigneron, géographe de la santé à Montpellierr, qui a été reprise par la fondation Jean Jaurès. J’ai été choqué par les déclarations de certains membres de la majorité qui ont l’injure facile, traitent de complotiste ou de personne à faible QI. Il existe des facteurs socio-culturels qui expliquent la réticence à la vaccination."

"On commence à mieux comprendre les réticences vaccinales, juge ce sociologue. On est plus réticent au vaccin quand on est une femme, notamment du fait des peurs pour la fécondité future. Dans les catégories populaires également, car ce sont les plus éloignées du système de santé. Plus on s’éloigne des centres urbains, plus l’accès aux soins devient difficile. Cette France populaire périphérique est moins médicalisée que le reste de la population. Ensuite, il y a les minorités ethno-raciales, les populations d’origine immigrée. Enfin, on a tout un courant naturaliste, qui recrute plutôt dans les CPS+, qui pense que la nature est bonne, que la médecine moderne, la technique, la science pervertissent une nature fondamentalement bonne. Toutes ces variables, on les retrouve projetées dans les territoires."

 

"L’histoire se rappelle aux décideurs via la géographie"

Se pose aussi la question des identités régionales. "C’est l’apport de la géographie de la santé, estime Frédéric Pierru. On voit bien que le bassin méditerranéen a difficilement été inclus par le nord dans la nation française. On le voit en Ariège, une rémanence d’une forme d’insoumission. L’histoire se rappelle aux décideurs via la géographie. À l’inverse, la Bretagne, tout le front Atlantique, c’est ce que Emmanuel Todd appelle les régions de catholiques zombies, plutôt dynamiques sur le plan économique, avec moins de chômage, une vision plus légitimiste, hiérarchique, où l’on se plie plus aux injonctions du centre."

La Normandie est la région la plus vaccinée de France, avec 74% ayant reçu une dose, contre 68% en moyenne nationale. "Il faut parler d’unité nationale et de disparités régionales, pour Agnès Firmin Le Bodo, députée Agir de Seine-Maritime et pharmacienne. Avec la difficulté pour des régions plus rurales d’avoir accès au vaccin. La Normandie a participé dès le mois de décembre à la campagne de test de dépistage massif." À l’inverse, la Dordogne est le département le moins vacciné de Nouvelle-Aquitaine. "Nous sommes un des plus grands territoires de France, très rural, rappelle Alain Castang, président de l’Association des maires ruraux de Dordogne, maire de Rouffignac-de-Sigoulès, On est en train de payer un peu tout ce qui se passe depuis des années. La ruralité a longtemps été oubliée par nos gouvernants. On a fait tout ce qu’il fallait pour que les gens se vaccinent, mais ils ne sentent pas ce danger de santé publique. C’est à comparer aux élections : le monde rural vote beaucoup pour les extrêmes. Je sais pourquoi ces gens ne veulent pas se vacciner : ils ne se rendent pas compte que ce n’est pas pour leur santé, mais pour celle des autres. Ils n’ont pas confiance dans le vaccin, dans ce que dit le gouvernement. À cela s’ajoute le manque de moyens : nous avons énormément de services publics qui ont disparu ? Il existait des dispensaires dans toutes les communes. Tout cela, nous ne l’avons plus. On risque d’avoir des urgences qui ferment. Imaginez les conséquences pour la santé et la vaccination !"

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