Alors qu'une vague de grand froid traverse actuellement la capitale, le sort des plus démunis et des sans-abris suscite beaucoup d'inquiétude. Parmi ceux qui dorment dans les rues, les mineurs isolés font partie des plus vulnérables et la situation de ces derniers s'avère extrêmement préoccupante. C'est la raison pour laquelle plusieurs avocats ont dressé une liste de 128 noms de mineurs, âgés de 13 à 17 ans, principalement de sexe masculin, qu'ils considèrent comme étant "en danger". Un signalement nominatif qu'ils ont adressé au procureur de la République, François Molins, ainsi qu'au parquet en charge des mineurs.
"On se livre à des expertise d'âge osseux plutôt que d'appliquer la présomption de minorité"
Ces jeunes réfugiés, livrés à eux-mêmes n'ont aucun moyen de se rendre dans des centres d'hébergements et n’ont pas accès aux dispositifs de mise à l’abri du 115, lesquels sont réservés aux personnes ayant atteint leur majorité. Nous avons rencontré Emmanuel Daoud, l'une des trois personnes à l'origine de cette initiative*. Selon cet avocat, membre du conseil de l'Ordre de Paris, il faut impérativement revoir les modalités d’évaluation de l’âge de ces jeunes réfugiés. "On se livre à des expertises d'âge osseux pour déterminer s'ils sont oui ou non mineurs, plutôt que d'appliquer les textes sur la présomption de minorité. Ces textes disent que si vous avez des documents où il est montré que vous avez 15 ans, on doit vous croire même si ces documents sont de l'état civil d'un pays étranger", nous explique-t-il ainsi.
"Plutôt que de les héberger immédiatement, on les laisse dans la rue dans l'attente d'un résultat qui n'intervient que deux ou trois mois après. Pendant ce temps là, ils sont atteints physiquement et psychologiquement, sans même parler des mauvaises rencontres que l'on peut faire la nuit à Paris", insiste-t-il encore. "Ils sont laissés à l'abandon, ils ne sont pas protégés et il faut que ça cesse parce qu'ils sont en danger", conclu l'intéressé.
En plus de tirer la sonnette d'alarme, les avocats demandent donc à la justice que ces mineurs soient mis "en sécurité de toute urgence". Notons que ce courrier adressé à François Molins a également été envoyé au Défenseur des droits Jacques Toubon, ainsi qu'à la procureure générale de la cour d'appel, Catherine Champrenault.
Propos recueillis par Clément Bargain