Les variants détectés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud risquent-ils de se répandre en France ? Sont-ils plus dangereux ?
"Il faut pratiquer le back tracing"
"Ils sont déjà présents sur le territoire national, souligne en fait Vincent Maréchal, professeur de virologie et virologue au centre de recherche Saint-Antoine (Inserm/Sorbonne Université). Ils ont déjà été détectés dans une dizaine de pays, notamment le variant britannique. La question est comment éviter qu’ils se répandent. On en sous-estime probablement le nombre. On recense une vingtaine de cas caractérisés de patients infectés par le variant britannique. Il y en a probablement bien plus de cas que cela."
Comment limiter cette propagation ? "On se pose d’abord la question de ce que l’on aurait peut-être pu faire. Il y avait quand même un épicentre au Royaume-Uni. Il aurait été plus prudent de prendre des mesures de quarantaine systématique quand les mesures de confinement ont été annoncées, avec un suivi très serré de ces personnes." Il se dit que ces variants sont deux fois plus transmissibles que les souches classiques. "Il faut respecter l’ensemble des mesures barrières, mais avec un dispositif très précoce de détection des gens porteurs, des cas contacts, mais également les gens auprès desquels ils ont pu se faire contaminer, le back tracing, remonter à l’étage d’avant."
"Nous ne sommes pas sortis de la deuxième vague"
Pour ce professeur de virologie et virologue, "on ne bloquera pas la diffusion. Il faut limiter, gagner du temps et s’adapter à cette nouvelle situation épidémiologique." Ces variants sont-ils plus transmissibles par de jeunes et enfants ? "Ce sont des hypothèses pour lesquelles on attend des confirmations. Pour moi, c’est un vrai souci. On a considéré, notamment en France, que les enfants étaient peu infectés, que les plus jeunes, en particulier, seraient moins sensibles à l’infection et moins capables de transmettre. Si cette donne devait changer avec le variant, évidemment, cela voudrait dire que l’on devra adapter un certain nombre de dispositifs concernant les enfants."
Faut-il s’attendre à une troisième vague ? "Nous avons monté un réseau national de surveillance via les eaux usées depuis mars dernier. D’abord, nous ne sommes pas sortis de la deuxième vague. Il y a eu une décroissance avec la mise en place du couvre-feu, mais on reste avec un niveau de circulation très élevé dans les eaux usées, ce qui n’est pas très bon signe. Nous avons le sentiment que c’est en train de réaugmenter, ce à quoi l’on s’attendait avec les fêtes de fin d’année. Il fait froid, c’est la saison favorable pour la circulation des virus. Nous sommes aussi en train de développer des tests pour détecter les variants dans les eaux usées."
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