Le coordinateur politique de La France insoumise Manuel Bompard a dénoncé jeudi "un scandale d'Etat" à propos des dénégations de François Bayrou quant à sa connaissance de violences et d'agressions sexuelles dans un établissement catholique, qui a été fréquenté par ses enfants.
"On est face à ce qui s'apparente de plus en plus à un scandale d'État", a estimé Manuel Bompard sur RTL, rappelant que François Bayrou était ministre de l'Éducation nationale puis président du Conseil général à l'époque de certains faits.
Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur plus d'une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990.
La semaine dernière, des témoins interrogés par l'AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé que le Premier ministre avait connaissance dès la fin des années 1990 d'accusations d'agressions sexuelles.
Interrogé à deux reprises par des députés insoumis et écologiste, le chef du gouvernement a de nouveau "récusé" mercredi devant l'Assemblée nationale les accusations de mensonge et dénoncé des "polémiques artificielles".
"Un juge, une enseignante dans cet établissement catholique, une victime ont signalé ces faits à Monsieur Bayrou et donc il ne peut pas, comme il l'a fait, s'enfoncer dans le mensonge", s'est indigné Manuel Bompard, trouvant également "particulièrement choquant" le "silence dans la classe politique de manière générale" sur cette affaire.
"C'est factuellement vérifié qu'il a menti", a-t-il affirmé, soulignant que "le sujet" était de "faire la démonstration aujourd'hui, et on est capable de le faire, qu'il a reçu un certain nombre de signalements et qu'il n'a pas agi pour mettre un terme à ces faits", a insisté le député de Marseille, réclamant la démission du Premier ministre.
Le député insoumis Paul Vannier, qui a interrogé le Premier ministre cette semaine à l'Assemblée, a dans le même temps demandé à la présidente de la commission des Affaires culturelles, la socialiste Fatiha Keloua Hachi, d'organiser un vote pour "conférer" à sa commission "les prérogatives attribuées aux commissions d'enquête, pour une durée de six mois, sur les défaillances du contrôle des établissements privés sous contrat par l'Etat".
Cette commission "pourrait investiguer sur l'action des services de l'Education nationale vis-à-vis de Bétharram ces 60 dernières années. Ces éléments n'entrent pas dans le cadre de la procédure judiciaire en cours, qui porte elle sur la commission de crimes", a précisé M. Vannier à l'AFP.
En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l'Education, une plainte avait dénoncé les violences physiques d'un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d'un de ses fils, condamné par la suite.
En mai 1998, alors qu'il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l'institution avait été mis en examen et écroué pour viol.
"Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements" où l'on aurait "soupçonné ou affirmé qu'il se passe des choses de cet ordre ?", s'était défendu mercredi M. Bayrou.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP