Les professeurs sont-ils impuissants, victimes ou bien coupables ? Les dizaines de milliers de messages avec le hashtag #pasdevagues dénoncent d’abord l’abandon, par leur hiérarchie, de tous ces enseignants pris entre une jeunesse de plus en plus violente et l’omerta de leurs supérieurs.
Entre crachats, insultes, menaces et coups, ce sont pas moins de 442 actes graves qui sont recensés chaque jour par l’Éducation nationale, la moitié étant des injures verbales à l’encontre des enseignants. Mais le phénomène n’est pas nouveau. À tel point qu’un professeur sur deux s’assurerait contre ce type d’incident. Au-delà, "ils ont appris à se taire, pratiquent déjà l’auto-censure et tombent en dépression, souligne Véroniques Jacquier. Il y a rarement du soutien entre collègues".
Être respecté et respectable
Comment attaquer le mal à la racine ? Faut-il sanctionner les parents d’élèves, au-delà de ceux qui s’en prennent aux professeurs ? Responsabiliser les parents revient sur la table, LR proposant la suppression des allocations familiales. "Mais la vraie question est 'que faire de ces générations perdues', la moitié des faits se concentrant dans les lycées professionnels", s’interroge Véronique Jacquier. "Il faut aussi que les professeurs réhabilitent leur métier : pour être respecté, il faut être respectable."
Carine, harcelée il y a sept ans par six élèves de troisième, n’a pas baissé les bras pour autant, malgré un arrêt et une mutation : "Je n’abandonne pas, j’aime beaucoup enseigner. Mais j’ai décidé de ne plus jamais me laisser faire. Par contre, je n’abandonne pas non plus mes collègues. Et si je vois certains collègues arriver en larmes en salle des profs, je ne peux pas supporter qu’ils soient seuls. J’estime qu’il doit y avoir un esprit de corps."