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Violences conjugales : "Le propre du pervers, c'est de se faire passer pour la victime"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que le meurtre d’Alexia Daval a remis sur le devant de la scène le thème délicat des violences conjugales, de nombreuses femmes vivent encore dans la peur aujourd’hui. Une situation dramatique qui appelle notamment plus de prévention. Témoignages.

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En évoquant un "accident" puis la personnalité écrasante d’Alexia Daval, cette jeune femme tuée il y a quelques semaines, les avocats de Jonathann Daval, son mari qui a avoué cette semaine avoir commis le meurtre, ont remis sur le tapis le thème des violences conjugales. Une réalité partagée par de nombreuses Françaises, même si les langues ont parfois du mal à se délier. Nathalie a été elle-même violentée par son mari, avec qui elle s’était installée deux ans après leur rencontre. Elle se confie au micro de Sud Radio.

"J’avais des bleus, je portais des manches longues été comme hiver"

"On a eu envie d’avoir un premier enfant. Lors de la grossesse, il m’a éloigné de ma famille et de mes amis, et nous nous sommes très rapidement retrouvés très isolés. Au fil du temps, j’ai perdu confiance en moi", raconte-t-elle avant de décrire l’accentuation de la pression exercée par son mari, qui s’est transformée en violence physique après la naissance de leur première fille. "Il en est venu à me jeter des objets : lampadaire, télécommande… J’avais des bleus, donc je portais des manches longues été comme hiver. (…) Un soir, il m’a versé un litre d’eau sur la tête. Je lui dis : "Tu es malade !". Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : "C'est toi qui me rends malade !"", se souvient-elle, elle qui a aujourd’hui quitté le domicile conjugal après avoir porté plainte.

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Alors que Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a dénoncé le "victim-blaming" exercé par les avocats de Jonathann Daval, Nathalie partage son avis. "La grande caractéristique du pervers, c’est de se faire passer pour la victime. Les violences conjugales s’exercent dans le domicile conjugal, les hommes qui violentent leur femme le font toujours dans un environnement extrêmement intime qui nous empêche de parler", assure-t-elle.

Un gros travail de prévention à faire du côté des hommes ?

Alors qu'en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, Stéphanie Rameau, présidente du mouvement Ni Putes, ni Soumises, estime qu'il serait temps de s’intéresser davantage aux auteurs de ces violences, et non plus uniquement aux victimes. "Notre association ne s’occupe pas du tout des auteurs, et je pense qu’il y a aussi un gros travail de prévention à faire vis-à-vis des futurs auteurs de violences. Leur dire que quand ils sentent un excès de violence, ils peuvent se faire aider. Tout ne peut pas être centré que sur les victimes. De même, les auteurs de violences actuellement en prison doivent pouvoir sortir en ayant reçu une aide. Il y a des associations qui s’occupent d’eux et des psychologues qui font un travail important, mais je pense qu’ils ne sont pas suffisamment nombreux. Tant qu’on n’aura pas fait un gros travail du côté des auteurs et fait une prévention en amont auprès des plus jeunes sur l’égalité des droits femmes-hommes pour leur expliquer qu’il n’y a pas de dominant et de dominé, les violences ne pourront pas reculer", déclare-t-elle.

Propos recueillis par Clément Bargain

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