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Viols de Mazan: un second procès prévu en 2025 même si Dominique Pelicot n'a pas fait appel

Un second procès aura lieu dans l'affaire des viols de Mazan, même si Dominique Pelicot, condamné à 20 ans de réclusion pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus, ne fait pas appel.

Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

Un second procès aura lieu dans l'affaire des viols de Mazan, même si Dominique Pelicot, condamné à 20 ans de réclusion pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus, ne fait pas appel.

Au terme du délai de 10 jours qui expire lundi soir, 17 des 50 hommes reconnus coupables de viols sur Gisèle Pelicot ont fait appel, a annoncé lundi le Procureur général de la Cour d'appel de Nîmes. Le parquet a répondu par un appel dit "incident", c'est-à-dire visant chacun de ces hommes.

"Le procès en appel devrait se tenir devant la cour d'assises du Gard", cette fois devant un jury populaire, à une date encore indéterminée entre septembre et décembre 2025, a ajouté Xavier Bonhomme dans un communiqué.

Cette fois-ci, le "chef d'orchestre" de cette décennie de viols sur sa désormais ex-épouse Gisèle, Dominique Pelicot, ne sera donc pas dans le box des accusés. Et s'il comparaît, ce sera uniquement comme témoin. Il "a pris la décision de ne pas frapper d'appel le verdict rendu par la cour criminelle de Vaucluse" le 19 décembre, avait annoncé lundi matin son avocate, Me Béatrice Zavarro, à l'AFP et Franceinfo.

Cela "contraindrait Gisèle à une nouvelle épreuve, à de nouveaux affrontements, ce que Dominique Pelicot refuse", avait-elle expliqué, précisant que pour son client, âgé de 72 ans, "Madame Pelicot n'est pas et n'a jamais été son adversaire".

Dans leur arrêt, consulté par l'AFP, les juges avaient souligné que Gisèle Pelicot était "victime d'avoir été droguée, au mépris de sa santé, (...) et victime d'avoir été abusée sexuellement, souillée et humiliée pendant près de dix années pour alimenter un fantasme, celui de Dominique Pelicot, (…) lequel prenait plaisir à la violer et la voir être abusée par d'autres hommes, ce qu'il assume".

Condamné pour viols aggravés sur sa femme et celle d'un coaccusé, également sous soumission chimique, mais aussi entre autres pour enregistrement d'images à caractère sexuel sur sa fille Caroline et ses deux belles-filles, Dominique Pelicot accepte donc la peine de 20 ans de réclusion (le maximum prévu par la loi) assortie d'une mesure de sûreté des deux tiers (environ 14 ans) qui lui a été infligée.

Son avocate a préféré ne "pas courir un risque inutile en appel", les faits pouvant en effet être requalifiés et lui faire encourir une sanction plus lourde.

- Gisèle Pelicot "entend en être" -

Devenue une icône féministe, notamment pour avoir refusé que ce procès hors norme se tienne à huis clos, afin que la "honte change de camp" et ne pèse plus sur les épaules des victimes de viols, Gisèle Pelicot, 72 ans, n'a "pas peur" d'un nouveau procès, a répété à l'AFP lundi soir Me Antoine Camus, l'un de ses avocats.

"Elle entend en être et elle se prépare à affronter ce nouveau procès avec la même détermination et le même courage", a-t-il insisté.

Le 19 décembre, à Avignon, la cour criminelle, composée de cinq magistrats professionnels, avait reconnu coupables les 51 hommes de 27 à 74 ans jugés dans le cadre de ce procès hors norme, pour la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot, entre 2011 et 2020.

Au terme de près de quatre mois d'un procès symbole de la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, ils avaient infligé des peines allant de 20 ans de réclusion à Dominique Pelicot à trois ans dont deux avec sursis pour un retraité jugé pour agression sexuelle.

Dominique Pelicot a certes pu influencer ses coaccusés, avait reconnu la cour, mais ceux-ci, auxquels il livrait sa femme, assommée d'anxiolytiques et inconsciente, pouvaient tous "appréhender la situation" et comprendre qu'il s'agissait d'un viol.

Sur les 17 hommes qui ont déposé appel, certains, comme Cyrille D., employé dans le BTP condamné à huit ans de prison, contestent leur peine mais pas le verdict de culpabilité, a indiqué à l'AFP l'avocat de ce dernier Me Paul-Roger Gontard. Les appels peuvent être retirés pendant encore quelques mois.

En ne faisant pas appel, Dominique Pelicot a estimé qu'"il est temps d'en finir judiciairement" avec ce chapitre, selon Me Zavarro.

Il n'en a pourtant pas fini avec la justice. Mis en examen par le pôle "cold cases", il pourrait être jugé pour une tentative de viol en 1999 en Seine-et-Marne, mais surtout un viol suivi de meurtre en 1991 à Paris, celui d'une jeune agente immobilière de 23 ans.

Par Isabelle WESSELINGH et David COURBET / Marseille (AFP) / © 2024 AFP

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