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Voile: sursis pour une lycéenne qui a frappé une enseignante

Une lycéenne poursuivie pour avoir menacé et frappé en octobre une enseignante qui lui demandait de retirer son voile dans un lycée de Tourcoing (Nord) a été condamnée à quatre mois d'emprisonnement avec sursis mercredi devant le tribunal correctionnel de Lille.

FRANCOIS LO PRESTI - AFP

Une lycéenne poursuivie pour avoir menacé et frappé en octobre une enseignante qui lui demandait de retirer son voile dans un lycée de Tourcoing (Nord) a été condamnée à quatre mois d'emprisonnement avec sursis mercredi devant le tribunal correctionnel de Lille.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet, qui réclamait 140 heures de travaux d'intérêt généraux, quatre mois d'emprisonnement en cas de non exécution, et une interdiction d'exercer dans la fonction publique pendant cinq ans.

Les cheveux couverts d'un voile blanc, vêtue d'une tunique rouge et d'un pantalon en jean, cette élève âgée de 18 ans, a également été condamnée à un stage de citoyenneté.

Elle a reconnu avoir porté des coups, mais pas une gifle.

"Je n'ai pas frappé au visage, j'ai juste rendu les coups au niveau du pied. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, au niveau de l'énervement j'ai paniqué" à déclaré au tribunal l'élève d'une voix calme.

Jugée pour "violence sur une personne chargée de mission de service public suivie d'incapacité n'excédant pas 8 jours" et "menaces de mort", la jeune femme, majeure depuis quatre mois au moment du procès, encourait cinq ans d'emprisonnement.

Pour l'avocat de l'enseignante Me Eric Cattelin-Denu, sa condamnation à une peine de sursis "est une bonne décision".

"C'est un message à l'égard du monde enseignant" et "c'est un message aussi à l'égard de tous ceux qui veulent porter atteinte (...) à la laïcité", a-t-il estimé.

L'avocat désigné par le rectorat, qui était candidat au nom du RN à la municipale de Lille en 2020, a évoqué à l'audience l'assassinat des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, tués par des jihadistes.

La jeune femme était poursuivie pour avoir giflé le 7 octobre vers 16H30 dans la cour du lycée Sévigné de Tourcoing une enseignante lui ayant demandé de retirer le voile qu'elle venait de revêtir avant de quitter l'établissement.

L'élève sommée d'ôter son voile a insulté l'enseignante, qui l'a en conséquent empêchée de sortir de l'établissement afin de recueillir son identité.

C'est alors que l'élève aurait porté "une gifle à l'enseignante, qui la lui rendait" et "s'ensuivaient plusieurs coups, menaces et bousculades" avait rapporté le parquet peu après les faits.

Interpellée à son domicile, la lycéenne a été placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de reparaître près du lycée.

- "J'ai mal agi" -

A la barre, mercredi, la lycéenne sous-entend qu'elle n'a pas porté les premiers coups tout en reconnaissant "j'ai mal réagi".

"Sur le coup de l'énervement j'étais choquée du coup qu'elle (l'enseignante) m'a porté, je n'aurais pas dû réagir comme ça".

Selon Me Eric Cattelin-Denu, la lycéenne aurait dans l'altercation lancé à l'enseignante, "si tu me prends en photo, je vais te cramer".

Quand l'enseignante s'avance à la barre, la voix tremblotante elle pointe la jeune fille, exclue depuis de l'établissement, assise sur le banc des prévenus: "Elle ment jusqu'à nier la menace", et "elle m'a mis la main sur ma joue, elle m'a insultée", ajoute-elle, reconnaissant avoir porté un coup à l'élève "par réflexe".

Evoquant sa crainte d'être traitée "d'islamophobe", l'enseignante, une ancienne infirmière âgée de 41 ans, encore choquée selon son avocat, dit avoir agi pour défendre les principes de la laïcité.

En France, la loi restreint depuis 2004 le port à l'école de signes religieux ostensibles, ce qui inclut le voile islamique mais aussi la kippa ou de grandes croix.

Dans ses réquisitions, la procureure voit une jeune prévenue "un peu dans la victimisation". Pourtant "il n'y a qu'une seule victime dans cette salle c'est Mme K. (la professeure)" rappelle le parquet.

"La loi s'applique à tous, les signes religieux n'avaient rien à faire dans l'école de la République", martèle la procureure pour qui "l'enseignant dans le cadre de sa mission doit être écouté et respecté".

L'avocat de la lycéenne Me Ossama Dahmane, déplorant qu'on ait fait de ce procès celui "de la laïcité", a regretté une "peine d'avertissement assez dure". Il avait plaidé la relaxe, estimant que l'affaire "aurait dû rester dans les murs de l'établissement".

Par Laurent GESLIN / Lille (AFP) / © 2024 AFP

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