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"Votre corps, il est à vous" : l'éducation au consentement à l'école maternelle

"Pourquoi tu ne veux pas que je te fasse une tresse? Mes mains sentent le camembert qui coule?", demande David. "C'est mon corps, c'est moi qui décide si je veux qu'on me touche les cheveux, qu'on me fasse un câlin ou un bisou", réplique Natacha.

FRANCK FIFE - AFP/Archives

"Pourquoi tu ne veux pas que je te fasse une tresse? Mes mains sentent le camembert qui coule?", demande David. "C'est mon corps, c'est moi qui décide si je veux qu'on me touche les cheveux, qu'on me fasse un câlin ou un bisou", réplique Natacha.

Volubiles et colorées, les deux marionnettes sont les stars du jour dans cette école maternelle de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) dont la bibliothèque a été transformée en salle de spectacle pour l'occasion.

Assis sur des bancs, une vingtaine d'élèves en moyenne section - 4 ans de moyenne d'âge - ont les yeux rivés sur le décor de théâtre éclairé par deux projecteurs.

D'une durée de 45 minutes, le spectacle "les marionnettes de l'égalité", conçu par l'association Dans le Genre Egales, se décline en quatre saynètes.

Elles abordent avec humour et dans un langage simple la question de l'égalité, des stéréotypes de genre accolés encore à certaines professions, de l'occupation de l'espace et du respect de l'intégrité du corps.

Ce spectacle s'inscrit dans le cadre des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, obligatoires dans la loi depuis 2001 mais peu effectuées dans les faits. En cours de finalisation, le projet de programme fait depuis plusieurs semaines l'objet d'une offensive de mouvements et d'élus conservateurs qui le jugent "en l'état inacceptable".

- "Une fiiiiillle" -

- "Moussa, tu viens jouer au foot avec moi ?"

- "Je ne peux pas, Kevin, je suis sous le choc"

- "Tu as vu un dinosaure? Une baleine, un tracteur?"

- "Pire que ça, j'ai vu dans la cour de récréation, sur le terrain de foot, une fiiiille", surjoue la marionnette, déclenchant les rires du jeune public. "Eh les gars, la cour elle est à tout le monde là, ding-dong, on se réveille", riposte Louise, qui vient de marquer un but.

Selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), trois enfants par classe sont victimes d’inceste chaque année en France

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PHILIPPE LOPEZ - AFP/Archives

"Les filles ont autant le droit que les garçons de venir jouer au foot au milieu du terrain. Est-ce que vous voyez un panneau avec écrit +interdit aux filles dans la cour+ ?", ajoute la marionnette.

Autre tableau. David demande à Natacha s'il peut lui faire des tresses. "Non, tu ne touches pas mes cheveux", répond la marionnette.

- "Qu'est-ce qu'elles ont, mes mains ? Elles sentent le camembert qui pue et qui coule? Les semelles de mes chaussures? Le vomi de bébé?", réplique David, vexé.

- "Au contraire, elles sentent bon le parfum des fleurs mais c'est juste que là, tout de suite, maintenant, je n'ai pas envie que tu touches mes cheveux. Un jour, on m'a expliqué quelque chose de super, méga, giga, important, on m'a dit que mon corps à moi, c'est mon corps à moi."

- "Moi qui décide" -

"Et comme mon corps à moi, c'est mon corps à moi, c'est moi qui décide si je veux qu'on me touche les cheveux, qu'on me fasse un câlin, qu'on me fasse un bisou, par exemple", ajoute la marionnette.

Dans le public, des rires fusent. "Un bisou", pouffe dans sa main un garçon.

Les séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, obligatoires dans la loi depuis 2001 mais peu effectuées dans les faits

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Martin BUREAU - AFP/Archives

A la fin du spectacle, les deux membres de l'association reviennent sur les thématiques abordées et posent quelques questions.

"Est-ce que c'est vrai que la cour d'école n'appartient qu'aux garçons et que c'est les garçons qui décident?", demande Jean-Michel Taliercio.

"Oui", "non", répondent pêle-mêle les enfants. "Les filles ne peuvent pas, parce qu'elles sont punies", commence l'une. "Par les garçons"? "Oui", répond une autre.

Quant "à votre corps", "il est à qui? Il est à vous", insiste Berivan Vialle. "S'il y a une personne qui vous force, vous pouvez venir en parler à un adulte en qui vous avez confiance, dans votre famille mais ça peut aussi être quelqu'un de l'école".

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Par Marine PENNETIER / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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