Yaël Braun-Pivet - Euthanasie : "Nous voulons du temps de débat"
Sans surprise, la loi sur l’euthanasie n’a pas pu être votée du fait de l’obstruction parlementaire d’une poignée de députés LR qui ont déposé plus de 2.000 amendements. "Hier, nous avons fait un pas important quand même, puisque nous avons voté l’article 1 de cette proposition de loi", souligne Yaël Braun-Pivet. Un article qui "pose le principe de l’aide médicale" à la fin de vie, explique-t-elle. L’adoption de l’article, et donc du principe, a été majeure : "nous étions 240 à le voter et 48 défavorables". Chez LREM, "nous étions 150 à le voter et 20 à voter contre".
"Le projet existe toujours, il est sur le bureau de l’Assemblée nationale", précise la députée qui "souhaite aujourd’hui que nous puissions l’inscrire à l’ordre du jour" d’une session parlementaire "avant le mois de juillet 2021". Le projet de loi est donc loin d’être abandonné : "nous demandons aujourd’hui ce que nous avons toujours demandé : nous voulons débattre de ce sujet. Le temps nous paraît venu."
[#SudRadio] @YaelBRAUNPIVET " Nous avons fait un grand pas en votant l'article 1. Je souhaite que le texte soit inscrit à l'ordre du jour avant juillet 2021, soit via le groupe parlementaire, soit via le #gouvernement. Nous voulons du temps, nous voulons débattre " #FinDeVie
— Sud Radio (@SudRadio) April 9, 2021
"Cela fait plus de 45 ans qu’on débat sur la fin de vie"
Olivier Véran, ministre de la Santé, n’a pas semblé très favorable à la loi sur l’euthanasie, et a demandé une mission d’évaluation. "C’est important", explique la présidente de la Commission des lois, "parce qu’il faut évaluer, il faut discuter, il faut échanger". Toutefois, pour elle, "cela fait plus de 45 ans qu’on débat" sur la fin de vie. "Hier, ce que le Parlement a montré, c’est que le Parlement était prêt, que nous souhaitions délibérer, et nous avons adopté cet article 1 à une majorité considérable" ."Nous souhaitons continuer", précise Yaël Braun-Pivet.
Le vote de l’article 1, très suivi par les députés LREM, a montré que "la large majorité du groupe La République en Marche, hier, s’est prononcée pour".
[#SudRadio] @YaelBRAUNPIVET " Nous voulons continuer. La large majorité du groupe #LREM est pour. Oui c'était le bon moment pour s'interroger pour notre fin de vie. C'est une loi de liberté. Le parlement ouvre un nouveau droit sans en retirer " #FinDeVie
— Sud Radio (@SudRadio) April 9, 2021
"Je crois que c’est le bon moment pour s’interroger sur notre fin de vie"
Olivier Véran, comme d’autres, a estimé que la question de la fin de vie ne devrait pas être débattue alors que l’urgence sanitaire est encore très élevée et que la France est fortement endeuillée de plus de 95.000 morts en un an. "On entend toujours ça, ‘ça n’est pas le moment’", souligne la députée des Yvelines. "Pour X raisons, ça n’est jamais le moment, pour ceux qui ne veulent pas aller dans cette direction."
Au contraire, la député juge que les Français ont été "tous de près ou de loin" confrontés à la mort à cause de la Covid-19, ce qui fait que "je crois que c’est le bon moment pour s’interroger sur notre fin de vie".
"Ce que nous souhaitons, c’est juste laisser le choix à nos concitoyens", rappelle-t-elle. "C’est une loi de liberté" qui ouvre "un nouveau droit sans en retirer aucun à quiconque".
"Il faut laisser le choix à nos concitoyens"
Pour certains, l’amélioration des soins palliatifs, prévue dans la loi Léonetti, suffirait. "C’est complémentaire", explique Yaël Braun-Pivet. "Ça n’est pas la même chose." Les pays ayant validé le principe de l’euthanasie comme la Belgique, le Canada ou l'Espagne, "ont légiféré sur trois aspects", explique la députée des Yvelines : "sur les droits du patient, sur les soins palliatifs et sur l’aide médicalisée active à mourir. Ce sont trois sujets différents qui sont complémentaires". "Il faut laisser le choix à nos concitoyens."
Pour la députée, l’aide médicale active à mourir "remet le patient au cœur de la décision par rapport à sa fin de vie". "Je crois que ça c’est la plus grande liberté que nous pouvons offrir à tous nos concitoyens."
"Il est temps de sortir progressivement de l'État d'urgence sanitaire"
Fin avril 2021, en Conseil des ministres, un projet de loi sur la fin de l’État d’urgence sanitaire devrait être présenté, pour préparer la fin de la crise. "Nous souhaitons tous sortir de cet état d’urgence sanitaire" qui reste nécessaire pour que le gouvernement puisse agir. "Il est temps d’en sortir progressivement", estime Yaël Braun-Pivet. Toutefois, la France fait face à une très forte troisième vague pandémique, qui est loin de garantir que la situation sera résolue ou stabilisée au début de l’été. "Nous essayons, et c’est notre rôle en tant qu’hommes et femmes politiques, de nous projeter sur l’avenir", souligne la présidente de la Commission des lois à l’Assemblée nationale.
Elle rappelle qu’Emmanuel Macron a promis "30 millions de vaccinés à la mi-juin", et donc il faut "accompagner la sortie de l’état d’urgence sanitaire, tout en permettant au gouvernement de continuer à avoir des armes, parce qu'il lui faut pouvoir réglementer l'accès à notre territoire, pouvoir éventuellement reconfiner localement s'il y a besoin".
"Nous sommes sur cette dynamique de sortie, et donc le régime juridique doit aussi accompagner la dynamique de sortie, avec un régime transitoire."
[#SudRadio] @YaelBRAUNPIVET " Il est temps de sortir progressivement de l'état d'urgence sanitaire, l'accompagner. Que le gvt puisse tout de même continuer à avoir des armes juridiques. Ns sommes sur une dynamique de sortie. Il faut un régime transitoire " #EtatDurgenceSanitaire
— Sud Radio (@SudRadio) April 9, 2021
Y aura-t-il sur ce point un véritable débat au Parlement ? s'interroge Patrick Roger. Pour la présidente de la commission des lois, "l'opposition est assez dans la caricature quand elle parle comme ça, nous débattons depuis le début ! Ce sont des centaines d'heures de débat que nous avons eues sur l'état d'urgence, assure-t-elle. Il faut rappeler qu'aujourd'hui le gouvernement agit dans un cadre légal parce que le Parlement l'y a autorisé et l'y autorise à peu près tous les 3 mois".
"La haute fonction publique ne représente pas suffisamment la société"
Emmanuel Macron a annoncé le remplacement de l'ENA par un "Institut du Service Public". "C'est une grande réforme ! se réjouit Yaël Braun-Pivet. Elle va nous permettre d'oxygéner notre fonction publique, de la rendre plus proche de nos concitoyens, pour un meilleur service public. Nous avons une fonction publique admirable que je vois à l'action tous les jours, d'un dévouement et d'un professionnalisme fantastiques. Mais la haute fonction publique ne représente pas suffisamment la société, reconnaît-elle. Il nous faut plus de mixité, une fonction publique qui représente mieux la société et qu'elle soit sur le territoire pour mieux connaître le pays de façon profonde, et pour mieux le servir ensuite".
Faut-il maintenir les élections régionales au mois de juin ? "Pour le moment, je suis toujours favorable à un vote au mois de juin, car la vie démocratique doit se poursuivre dans notre pays. Le Premier ministre a lancé une concertation avec tous les chefs de partis".
"Il faut accompagner et non sanctionner des familles qui sont souvent en difficulté avec un enfant"
Le Sénat a voté un amendement qui prévoit la suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire. "Je n'ai jamais été favorable à ce type de mesure punitive vis-à-vis de familles qui sont parfois dans la difficulté, affirme Yaël Braun-Pivet. Il faut accompagner et non sanctionner des familles qui sont souvent en difficulté par rapport à un enfant, et il ne faut pas pénaliser les frères et sœurs. Il faut essayer de remettre les gens sur le droit chemin et ce n'est certainement pas en les punissant d'une quelconque manière qu'on y arrivera, c'est un mauvais choix".
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