Yannis Ezziadi, comédien et auteur, et Henry-Jean Servat, journaliste et défenseur de la cause animale, se sont opposés au micro d’André Bercoff au sujet de la sensible tradition de la tauromachie.
Yannis Ezziadi : "J’ai vu une corrida et là, j’ai vu dans les arènes, la grâce, la beauté"
Le Face à Face d’André Bercoff a eu lieu jeudi 10 juin, des airs de combat idéologique puisque les invités du jour, Yannis Ezziadi et Henry-Jean Servat, défendaient tous les deux leur vision de la tauromachie. Pour l’un, ballet gracieux et pour l’autre, ignominie. Yannis Ezziadi qui a participé à la rédaction du dernier numéro de Causeur sur la tauromachie, a découvert, il y a peu, ce qu’il considère comme un art. "Je suis un jeune aficionado puisque j’ai découvert la tauromachie, en mai 2020, par la littérature et la corrida dans l’arène en live en août dernier", explique le comédien.
Lassé d’un théâtre et d’un opéra qui ont perdu de leur superbe, Yannis Ezziadi se tourne vers la corrida. Après avoir lu de nombreux livres et romans sur le sujet, la curiosité grandit : "Je me suis dit, ce n’est pas possible, il y a quelque chose de grandiose, il faut que j’aille voir pour de vrai et donc je suis allé à Béziers, j’ai vu une corrida et là, j’ai vu dans les arènes, la grâce, la beauté. J’ai vu un art réellement, un art raffiné avec des figures classiques, j’ai découvert que c’était un art très très codifié", explique-t-il ému.
Mais ce qui a ému par-dessus tout Yannis Ezziadi, ce ne sont pas les chorégraphies du toréador avec le taureau mais le Paséo, c’est-à-dire lorsque les toréadors et leurs équipes font leur entrée dans l’arène et saluent la foule. "L’orchestre a joué l’air du toréador de Bizet et la foule entière, dont les jeunes, s'est levée et a chanté l’air du toréador de Bizet et bien, les larmes me sont montées aux yeux", se rappelle-t-il fasciné de voir "dans un monde d’inculture" des jeunes chanter de l’opéra.
📢 Le débat sur la #Corrida, au micro d'@andrebercoff !
Simon Casas, directeur des arènes de Nîmes🗣️ "Ni le public ni les toréro ne sont animés par un sentiment négatif. Avant d'être mis à mort, le taureau aura eu une vie d'une qualité extrême, on respecte son âme animale." pic.twitter.com/t5syJowCuh
— Sud Radio (@SudRadio) June 10, 2021
Henry-Jean Servat : "C’est une saloperie qui souille une région et qui déshonore un pays"
Pour Henry-Jean Servat, la relation est toute autre. Il rappelle lui-même qu’il est "né dans une région de corrida, j’ai passé ma vie avec des gens de corrida, des taureaux et des chevaux de corrida" mais à ses yeux "la corrida, c’est une ignominie". Il ne s’agit en aucun cas d’un ballet entre le toréador et le taureau mais plutôt de "la torture, du supplice d’un animal".
Face à la description romantique de la corrida par Yannis Ezziadi, Henry-Jean Servat se montre dur. "Pour être franc, je n’écoute pas ce que je viens d’entendre, ce genre de chose, c’est tellement idiot qu’il ne faut pas écouter. (…) Il faut être azimuté pour trouver de la beauté dans le fait de torturer un animal brave, magnifique, fier, ombrageux, sublime". Il n’y a donc pas de beauté dans cet art de la corrida où "chaque seconde, à partir de l’entrée dans l’arène du taureau, est occupée à l’affaiblir et à le supplicier, à lui enfoncer du fer dans le corps". Un art de la tauromachie qui aux yeux de Henry-Jean Servat se résume à "une saloperie qui souille une région et qui déshonore un pays."
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