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1987 : une Coupe du monde d’amateurs

Par Arnaud Rey

Organisée sur le tas, la première Coupe du monde de rugby s’est jouée dans une certaine indifférence du grand public. Un Mondial du jeu et de l’amitié dans le plus grand amateurisme.

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Organisée sur le tas, la première Coupe du monde de rugby s’est jouée dans une certaine indifférence du grand public. Un Mondial du jeu et de l’amitié dans le plus grand amateurisme.

Dans un Eden Park d'Auckland plein à craquer, le XV de France s'incline en finale de la première Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande, 29 à 9.

GEORGES GOBET / AFP
Dans un Eden Park d'Auckland plein à craquer, le XV de France s'incline en finale de la première Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande, 29 à 9.

À l’aube du XXe siècle, cette notion d’amateurisme est une priorité pour les dirigeants du rugby mondial. Le premier match international entre l’Écosse et l’Angleterre a eu lieu en 1871, alors organiser une Coupe du monde si tôt est impensable.

Tradition britannique oblige, le rugby doit rester un cercle fermé autour du seul événement international annuel, le tournoi des Cinq Nations, où se rencontrent l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, la France et le pays de Galles. Le professionnalisme fait peur. Forcément, l'organisation d'un tel événement conduirait à une plus grande popularité du rugby, notamment auprès des sponsors, et donc à des moyens financiers plus importants. Une hégémonie du Nord qui n’empêche pas l’Australie et la Nouvelle-Zélande d’être déjà des terres d’ovalie, malheureusement les rencontres entre les deux hémisphères se résument à des tournées occasionnelles.

Nicholas Shehadie, président de la Fédération australienne, et Albert Ferrasse, président de la Fédération française, font le forcing et réussissent leur pari. Les Britanniques font la moue mais peu importe, la première Coupe du monde de rugby se tiendra en Nouvelle-Zélande et en Australie à l’été 1987.

Une organisation à la hâte

L'arrière français, Serge Blanco, symbole du French Flair.

GEORGES GOBET / AFP
L'arrière français, Serge Blanco, symbole du French Flair.

Pour cette première édition, 16 pays sont invités, sans phase de qualification. Une petite révolution dans ce milieu sclérosé, mais l’organisation est rudimentaire. Quand débute le premier match de la Coupe du monde entre la Nouvelle-Zélande et l’Italie, la retransmission télévisée vient juste d'être signée. Seulement 300 millions de téléspectateurs suivront le Mondial, une rigolade à côté des 4 milliards de personnes de 2011.

Pour les joueurs du XV de France, c'est aussi une découverte. Ils ne sont pas professionnels et doivent prendre des congés pour un défraiement quotidien de 150 francs (environ 23 euros). Les Bleus viennent pourtant de réaliser le Grand Chelem durant le tournoi des Six Nations, avec des grands noms du rugby français tels que Jean-Pierre Garuet, Pierre Berbizier, Franck Mesnel, Philippe Sella, Patrice Lagisquet ou Serge Blanco. Les phases de poules sont une formalité pour les nations majeures du rugby, seule la France bute sur une redoutable équipe écossaise et concède le match nul. Les tricolores vont tout de même en quart de finale.

La naissance du French Flair

Les Fidji créent la surprise en accédant à ce stade de la compétition. Mais ils ne pourront rien faire face à des tricolores la bave aux lèvres. Victoire 31-16, la France est en demi-finale. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et le pays de Galles ne sont également pas inquiétés et accèdent au dernier carré. Archi-favoris, les deux pays organisateurs font figure d’ogres face à la France et au Pays de Galles. Des Gallois qui exploseront en plein vol contre les All Blacks, qui leur infligent un cinglant 49 à 6, la messe est dite.

Pour les Bleus, le sort est glorieux, le match est devenu une légende pour tout amateur de rugby qui se respecte. Le 13 juin 1987, les hommes de Jacques Fouroux font jeu égal avec les Australiens, une claque pour les bookmakers. Un match équilibré qui bascule en faveur des Bleus dans les dernières secondes, grâce à un essai mythique de l’arrière, Serge Blanco.

Cet essai est le fruit d’une action collective sans précédent : les 15 joueurs ou presque ont touché le ballon avant qu’il ne soit aplati en terre promise. Victoire 30-24. Le XV de France est propulsé en finale face aux Néo-Zélandais.

 

Le 20 juin 1987, le stade de l’Eden Park à Auckland est noir de monde. Tout le peuple de Nouvelle-Zélande est venu se masser en tribune pour cette rencontre décisive. À l’image de leur parcours dans la compétition, les All Blacks ne font qu’une bouchée de la France. Les Français sont lessivés par la machine néo-zélandaise, commandée par le légendaire demi de mêlée et capitaine David Kirk.

Malgré un groupe extraordinaire et un jeu débridé désormais baptisé "French Flair", le physique des tricolores ne tient pas le coup. Quatre essais plus tard, dont un seul pour les Bleus grâce au numéro 9 Pierre Berbizier, le XV de France perd sa première finale, 29 à 9. Telle une leçon pour les nations du Nord, la Nouvelle-Zélande est championne du monde sur ses terres.

Ne manquez pas la série documentaire "La Coupe du monde, côté fermé" réalisée par Alexandre Mognol. Diffusion du premier épisode, « 1987, une compétition d’un autre temps », à 20h le vendredi 18 septembre durant l'avant-match d'Angleterre et les Fidji présenté par Judith Soula.
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