Quelle image vous restera de Jonah Lomu ?
B. P. Il m'en restera une profonde tendresse, une chaleur humaine. Bien au-delà du joueur, au fil des années, il s’est approprié son aura pour en faire quelque chose. J’ai pu me rendre compte en Afrique du sud, à quel point il a une manière de faire rayonner les gens autour de lui. Je n’ai pas croisé deux personnes comme lui dans ma vie.
On vous sent affecté, vous étiez devenu proche après le tournage ?
B. P. Oui on s’est rapproché après ce tournage. Il avait compris que ce projet là, ce ne sont pas des retours sur sa vie mais une mise en perspective de sa vie pour raconter d’autres histoires fortes dans le monde du sport. Il a passé beaucoup de temps à raconter ses exploits. On a le même âge, la même manière de déconner, il avait beaucoup d’humour. Je suis très touché, même si je ne faisais pas partie de sa famille. C’était un homme rare. Il était malade mais des gens comme ça, c’est chiant qu’ils partent si vite.
Vous estimez que c’était un homme fragile ?
B. P. Il était extrêmement fort mentalement. Il passait 7 à 8 heures dialysé, et ce quatre jours par semaine. Mais avec ça il pouvait vivre normalement un jour sur deux. Il avait une certaine fragilité physique mais mentalement, je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi fort. Il avait quelque chose de Luther King, toutes proportions gardées, des gens qui rayonnent, illuminent et rendent les autres meilleurs.
En quoi a-t-il révolutionné le rugby ?
B. P. De deux manières. A l’époque les sportifs de cette dimension athlétique n’existaient pas. Il battait tous les records, il faisait moins de 11 secondes au 100 mètres. C’était un OVNI physique, 1m96 pour 115 kilos. Il avait une supériorité physique qui marquait les esprits. Lorsqu’en 1995, il marque quatre essais contre l’Angleterre, les hommes d’affaire se disent qu’il est sacrément commercial. Le rugby est devenu professionnel à la suite de ses exploits.