Sud Radio Sports : Colomiers n'a jamais été aussi près de décrocher une place dans le dernier carré. C'est une première pour le club depuis son retour en Pro D2. Comment abordez-vous la prochaine rencontre à Carcassonne ? Bernard Goutta : C'est un véritable quart de finale, un match couperet pour nous. Soit l'aventure continue, soit elle s'arrêtera dimanche. C'est une aventure qui a commencé il y a maintenant 4 ans, notamment après cette remontée de fédéral 1. On a essayé de bâtir à travers un projet de jeu et un centre de formation très performant. On s'est énormément appuyé sur les jeunes puisque dans notre équipe 80% des joueurs sont formés au club. C'est vraiment une belle aventure humaine et sportive. Maintenant, on peut être récompensé de ces quatre années pendant lesquelles on a travaillé durement pendant les entraînements avant d’obtenir cette qualification en demi-finale. On sait que ce ne sera pas facile, ça ne dépend que de nous. On ne va pas compter sur les autres et se concentrer sur notre match à Carcassonne. On sent dans ta voix beaucoup d'excitation à l'approche de ce match, tu les sens comment tes joueurs ? L'excitation est comme la passion. Je sens des joueurs sereins, calmes, qui n'ont rien à perdre. Au contraire, on a tout à gagner. Bien sur qu'on ne va pas avoir la même pression que le TFC à Angers, elle sera différente, mais elle sera là quand même. Mais à mon avis, ce sera de la bonne pression. Je crois qu'on a payé sur certains matchs pour apprendre. Je pense qu'on va pouvoir aborder ce match avec de la confiance et beaucoup de détermination. Si on veut continuer l'aventure et ne dépendre de personne, il faut nous imposer à Carcassonne. Ensuite, quels que soient les résultats des équipes adverses, on n'aura aucun regret.
"Monter en Top 14, ça ne se refuse pas"
Colomiers est un club familial qui renait de ses cendres depuis la remontée de Fédéral. Mais quand on est en demi-finale de Pro D2, il y a la possibilité d'accéder au Top 14. Est-ce qu'on y est prêt à Colomiers ? La phrase clé qu'on avait auprès des partenaires et des supporters, c'était de bâtir avec beaucoup d'ambition, mais aussi de l'humilité, parce que l'on sait d'où l’on vient. Dans un premier temps, la mission était de pérenniser ce club en Pro D2 et chaque année on a gagné des places, gravit des échelons et fait progresser les joueurs avec le staff. Maintenant, je dirai qu'on en a un peu le bénéfice. Cette construction est à long terme. Ensuite, concernant l'ambition de monter en Top 14, on est des compétiteurs quand même, donc ça ne se refuse pas. Mais après, ce sont les dirigeants qui auront mal à la tête et notamment mon président. Donc on n'en est pas là, il y a Carcassonne d'abord. David Skrela a joué son dernier match à domicile, il est sorti en début de second mi-temps touché à la cuisse. Quelles sont les nouvelles, il pourra tenir sa place à Carcassonne ? Il a passé des examens médicaux le lendemain du match, on est assez réactif là dessus. On a décelé une petite élongation, je pense qu'il sera forcé contre Carcassonne, mais ensuite il pourra éventuellement postuler sur la demi.
"On veut offrir un match supplémentaire à David Skrela"
Ce serait une source de motivation supplémentaire pour vos joueurs à Carcassonne de lui offrir ensuite un dernier match ? Exactement. Je pense que le club, les supporters et les partenaires lui ont offert vraiment une belle sortie. En plus, il y avait vraiment un très beau match contre Bourgoin. Il a été aussi l'artisan de cette victoire. Maintenant ce qu'on veut lui offrir, c'est un match supplémentaire. Ce serait une belle finition. On ne veut pas qu'il arrête sa carrière sur un jubilé. David Skrela a témoigné en disant qu'il était avec des mecs et un collectif incroyable. On sent une bonne bande de potes du côté de Colomiers avec un effectif très jeune. Votre force, c'est vraiment votre collectif cette saison ? Bien évidemment, on construit tout à travers notre collectif. C'est pour ça que je vous annonce le forfait de David Skrela avec sérénité. Je sais que les deux jeunes Christopher Hilsenbeck et Maxime Lafage arrivent à maturité, et qu'on fait vraiment de très bons matchs. Ça tourne autour d'un collectif, d'une relation entre les hommes, moi c'est ce qui me fait avancer dans ce sport. C'est important, mais il n'y a pas que ça, après il y a une organisation, un projet de jeu. Mais cette relation entre les hommes fait que dans les moments durs, ils se surpassent et arrivent à faire de belles choses rugbystiquement. La force collective permet aussi de déstabiliser un peu les équipes. Si on prend nos joueurs individuellement, aucun n'est capable de traverser le terrain, aussi bien dans l'aspect physique qu'au niveau de la puissance. On s'en sort grâce à une organisation collective et à travers un bon projet de jeu où les joueurs prennent du plaisir. Comme ça, je pense que le public et les supporters en prennent aussi.
"Colomiers est une équipe qui a du caractère"
Tu as un peu de sang catalan, le fait de peut être doubler Perpignan et de leur chiper cette place en demi-finale, c'est fort symboliquement ? Franchement, on ne regarde pas les autres. Ça fait quatre ans qu'on a une route tracée. On veut avancer avec nos forces et nos faiblesses et ne surtout pas s'occuper des autres. Ce serait une erreur. Ensuite, on m'a toujours appris l'humilité dans ce sport et à Colomiers il y en a beaucoup. On va essayer de garder cet esprit et de prendre du plaisir. On ne joue pas le match de la descente, on a une place qui nous permet de jouer pour une demi-finale, je pense qu'il faut la prendre avec beaucoup de plaisir. Et puis, ça ne reste qu'un jeu. Quoi qu'il arrive, je pense qu'on aura fait une belle saison et qu'on aura encore progressé cette année. Tu parlais des faiblesses, j'ai noté le petit point faible : l'indiscipline. Avec trente-deux cartons jaunes et un carton rouge, vous êtes l'équipe la plus sanctionnée dans la course pour la qualification. Est-ce que tu vas insister sur ce point, car on sait qu'en phase finale il ne faut pas laisser facilement des points à l'adversaire ? La discipline reste un de nos moteurs. On travaille énormément avec un arbitre référent au club qui intervient chaque semaine pour sensibiliser les joueurs au niveau de la règle. Souvent à Colomiers, on nous a traités d'universitaires, d'une équipe collégiale, mais attention, c'est une équipe qui a du caractère aussi. Et quand il y a du caractère, il y a parfois un peu d'excès. Il est évident que sur le nombre de cartons jaunes qu'on a reçu, beaucoup sont sur fautes techniques, notamment sur la mêlée. C'est souvent nos piliers qui ont pris des cartons. Sur l'agressivité gratuite, on n'en a pas eu, je tiens à le souligner. Par moment aussi, on a subi pendant la saison, et quand tu subis tu te mets à la faute et prends des biscottes jaunes. Je préfère une équipe avec du caractère qu'une équipe qui n'a aucun carton jaune et qui se retrouve en milieu de tableau.