Daniel Herrero : "Les butteurs seront décisifs pour cette finale"

Daniel Herrero, la voix du rugby sur Sud Radio, commentera en direct les deux finales de Coupe d'Europe de ce week-end. Ce soir dans l'émission Sud Radio Sports, il dressait un avant goût de la rencontre de samedi soir qui opposera le Racing 92 au Saracens : un match qui promet d'être spectaculaire. Judith Soula : C’est une finale inédite qui se joue samedi entre le Racing et les Saracens, à quelle rencontre doit-on s'attendre ? Daniel Herrero : À une belle rencontre, car jouer la finale de la Coupe d'Europe, c'est un long trajet, une longue aventure. Les deux équipes qui y sont parvenues, le Racing et les Saracens ont conquis le niveau de la finale par le combat et par la construction du jeu. À priori, ce sera plutôt spectaculaire. Quand même, ces deux équipes de traditions sont très équipées dans le combat, pour ne pas dire dans le sévère et elles sont aussi toutes les deux très équipées dans le jeu au pied. L'expérience des finales sera anglaise, mais le Racing 92 peut compter sur Dan Carter, meilleur joueur du monde. Sera-t-il la clé de ce match ? Le titre de meilleur joueur du monde est sublime. C'est un attribut majeur, mais il était meilleur joueur du monde l'année dernière. Cette année, il vient au Racing et il est brillantissime : il a l'oeil vif, la passe agile et sublime de timing sur les deux côtés, ne parlons pas de son jeu au pied, car c'est un buteur hors normes. 96% de réussite, ça veut dire que quand il rentre dans les 50 mètres adverses, il en met neuf et demi sur 10, qu'il frappe depuis n'importe quel endroit. Il est hors norme. Quand une finale peut se jouer à trois ou quatre points, ce genre de joueur est décisif. Mais là le soucis, c'est qu'il n'est pas au top, il a la guibole qui flageole un peu, un genou qui est un peu handicapé et il n'a pas buté les deux derniers matchs. Il est un peu en dedans. En période post-coupe du monde, il a la fraîcheur suspecte, il n'est pas sans doute à son meilleur rayonnement. Parce qu'en face il y a en a un bon : William Farell fait partie, s'il n'est pas carrément le meilleur joueur d'Europe. On peut quand même dire, en sensation d'avant match, que les butteurs seront décisifs. Avec ce genre de joueurs, en statistique, y compris dans une finale à ce niveau-là, les buteurs marquent entre 15 et 20 points. Donc pour battre l'équipe adverse, il va falloir faire du jeu. La présence de ces deux grands buteurs de part et d'autre peut laisser penser qu'il va falloir aussi qu'il y ait du jeu. Vous pensez à une finale fermée, juste sur la qualité des butteurs, ou à un match plus ouvert ? Je ne dis pas une finale fermée. Mais en analysant les points forts, les très grandes équipes sont aussi fortes sur le fait qu'elles sont capables de ne pas montrer leurs points faibles. Les deux équipes ont deux gros packs d'avant, la conquête est forte. Le Racing, c'est gaillard. On sait qu'ils ont martyrisé Toulon dans le combat et ce n'est pas rien. Ils sont très durs à l'impact et ils sont sévères au défi physique. Quand le combat est rude et qu'on a un des meilleurs buteurs d'Europe ou du monde, on se dit qu'on s'approche, qu'on ne fait pas trop de fautes et on prend des points. On ne pourra pas parler d'un match d'austérité, mais de rigueur. Maintenant, il y a du talent derrière dans les deux équipes. Sans doute qu'elles ne joueront pas trop de loin. Mais ces deux équipes sont entraînées par des gens méthodiques qui sont des maniaco-dépressifs du détail. On aura ce qu'on peut appeler des constructions de première main volumineuses : dès qu'on sera dans le camp adverse, on va jouer, on va travailler. Mais quand tu as de bons buteurs, on sait aussi qu'on peut varier. À chaque instant, il pourra y avoir quelque chose qui partira vers les extrémités très vite : une sautée, une double-sautée, des leurres, des doubles leurres. Je suis quand même en bouche pour qu'on ait peut-être le meilleur match européen de la saison.